Cet article a été publié pour la première fois le 14 mai 2018.
L’ancien ministre Jean-Louis Borloo a remis le 26 avril 2018 au Premier ministre son rapport « Vivre ensemble – vivre en grand, Pour une réconciliation nationale » qui vise essentiellement les quartiers urbains laissés à l’abandon depuis de nombreuses années. Il intervient six mois après l’Appel de Grigny.
Les maires en charge de ces quartiers et les associations qui y œuvrent avaient lancé cette mobilisation pour interpeller le président de la République sur leur situation. Ils demandaient des moyens financiers et le rétablissement des contrats aidés. En réponse, le président Macron avait invité les acteurs à travailler sur un diagnostic, mené par Jean-Louis Borloo, l’ancien ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement qui avait lancé les rénovations urbaines en 2003 et 2004.
À la lecture des 164 pages, on comprend en effet l’urgence de la situation : un taux de chômage presque trois fois supérieur à la moyenne nationale, des équipements et services publics massivement moins présents qu’ailleurs avec des agents moins expérimentés, moitié moins de pédiatres, dentistes et gynécologues… Les rares crèches ne sont pas occupées par les enfants de ces quartiers, deux tiers des logements sont des logements sociaux, plus anciens qu’ailleurs, trois fois plus de personnes discriminées, deux fois plus de ménages sans voiture et moins de transports publics…
Élaboré en concertation
« C’est à la fois courageux et inquiétant de lire un constat aussi brutal et grave mais il montre la gravité de la situation et l’ineptie des politiques précédentes et actuelles que l’on constate au quotidien dans nos accueils », explique Philippe Verseils, secrétaire général de la Mission populaire évangélique de France qui gère des lieux installés dans ces quartiers défavorisés. « À Nîmes, où je travaillais avant, on aidait certaines personnes en essayant de leur donner du courage, de la force et de l’intelligence pour louvoyer et survivre. »
Le rapport, élaboré en concertation avec les maires et les acteurs associatifs de ces quartiers, montre que les six millions de personnes qui vivent dans ces quartiers urbains défavorisés n’ont même plus accès au minimum que la République […]