Toutes les projections scientifiques sont formelles : au rythme où elles vont, les sociétés développées courent à leur perte, incapables d’atteindre d’ici vingt ans une neutralité carbone indispensable à leur survie. Destruction des espèces vivantes, épuisement des ressources naturelles, déséquilibres des systèmes hydrologiques, climatiques, sanitaires… les sociétés en développement suivent toutes ce modèle.

La possibilité d’enrayer la destruction généralisée des ressources semble hors de contrôle, tant les mécanismes de peur, d’envie, de pouvoir ou de prédation sont à l’œuvre, ancrés au cœur des hommes. Alors, allons-nous maintenir ce rythme mortifère ou tenter le changement ?

Si nous croyons en, et allons vers, l’espérance, nous ne pouvons que choisir le changement. Mais celui-ci s’apparente plutôt à une conversion, qui semble colossale. Il faut des incitations, mais celles-ci sont insuffisantes au vu de l’objectif. Il faut bien entendu des contraintes, mais celles-ci apparaissent déjà insupportables aux citoyens épris de toutes les libertés. Alors ne nous reste-t-il pas, collectivement, un seul chemin à parcourir, celui que le Christ a dessiné : sobriété, dépouillement, confiance, altérité et partage ?

Cette métanoïa radicale est probablement la solution, avec, parmi ces valeurs, les questions centrales de l’altérité, du dépouillement et du partage. Si l’on veut en effet que tous les êtres humains puissent accéder à leurs besoins essentiels, si l’on veut lutter contre la prédation sociale et environnementale, si l’on veut aller vers un monde en paix, apprendre le partage est probablement le premier pas, le plus décisif, que nous devons faire. Il en va en tout cas de la survie des écosystèmes naturels ou humains et de la place que nous pouvons encore faire à l’espérance.

Jean Fontanieu, ancien secrétaire général de la FEP, militant justice climatique, pour « L’œil de Réforme »

S’abonner à « L’œil de Réforme »