Après plusieurs jours de débats parfois tendus, la CGT a fini par trouver une remplaçante à Philippe Martinez. En s’imposant, Sophie Binet a créé la surprise, vendredi 31 mars. Ancienne conseillère principale d’éducation (CPE) et secrétaire générale de la Fédération des cadres (Ugict) depuis 2018, Sophie Binet était l’invitée du Grand entretien de France Inter, lundi 3 avril. Coiffant sur le poteau Marie Buisson, dont la candidature était soutenue par le secrétaire général sortant Philippe Martinez, et Céline Verzeletti, elle est la première femme à la tête du syndicat.
Née en 1982, Sophie Binet était référente du collectif femmes mixité, et engagée sur les questions environnementales et l’égalité hommes-femmes. Il lui revient de recoller les morceaux d’une CGT profondément divisée, en pleine réforme des retraites, rappelle la radio et à quelques jours d’une réunion de l’intersyndicale à Matignon programmée le mercredi 5 avril. À propos de sa victoire, Sophie Binet déclare : “C’est le propre des organisations démocratiques de réserver des surprises et donc c’est ce que la CGT a fait”. Avant d’ajouter qu’elle n’a pas d’adversaire au sein du syndicat.
“Envie de changement”
N’hésitant pas à reconnaître la rugosité des débats lors du congrès, elle précise : “Ce sont des débats qui durent depuis longtemps et je pense que c’est d’abord ce que l’on appelle à la CGT notre culture des débats, notre capacité à dialoguer ensemble et à trouver des solutions plutôt que de s’enfermer dans des logiques de blocs qui ne correspondent pas du tout à l’identité et au mode de fonctionnement de la CGT.” Une logique qu’elle souhaite voir perdurer.
Quid du rejet par plus de la moitié des participants du rapport d’activité de Philippe Martinez ? Pour elle, il témoigne d’une “grosse envie de changement”. Ne souhaitant pas être “l’arbre qui cache la forêt”, elle compte sur son élection pour provoquer une “impulsion à tous les niveaux dans la CGT et au-delà, pour permettre qu’il y ait des femmes qui arrivent à tous les niveaux de responsabilités. L’émancipation des femmes se fait par les femmes elles-mêmes”.
Pour le retrait de la réforme
À propos de la réforme des retraites, Sophie Binet a réaffirmé sur France Inter qu’elle ne réclame “pas de pause”, en réponse à la proposition de Laurent Berger de mettre “en suspens” le report de l’âge légal de départ à la retraite et de lancer une “médiation”. “Je ne crois pas à la pause, quand on suspend c’est que l’on retire. C’est ce qu’il s’est passé avec le CPE.” Pour elle, “il n’y a pas d’autre sortie de crise que le retrait de la réforme”. Aussi, elle prédit que sans retrait, le rendez-vous avec la Première ministre “risque d’être très rapide”. “On ne peut pas parler d’autres sujets tant qu’on ne retire pas cette réforme, le gouvernement doit le comprendre”, précise la secrétaire générale de la CGT, assurant que l’intersyndicale est mue par le même objectif. Obtenir le retrait de ce projet de loi, “c’est le mandat que m’a donné ce congrès de la CGT donc moi, je continuerai comme cela”.
Dans la journée de ce lundi, Sophie Binet discutera avec Laurent Berger, le patron de la CFDT. Convaincue que la réforme ne s’appliquera pas, ne serait-ce qu’en raison d’“un vice de forme”, elle a de nouveau appelé à une mobilisation forte le jeudi 6 avril. Elle se dit persuadée que les manifestants seront “extrêmement nombreux (…) pour gagner le retrait de cette réforme”, lors de cette onzième journée de contestation.