Inspiré par Albert Camus et soutenu par les réflexions de Joëlle Bordet et Fabienne Rubach, Sylvain Cuzent nous rappelle que notre tâche première est d’empêcher que le monde se défasse, pour l’avenir de tous.
« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse » affirmait Albert Camus en 1957.[1]
Ma génération, celle qui a eu 20 ans en 1968, croyait refaire le monde. Les apports de cette période ne sont pas négligeables, mais très vite, entre la dérive violente des uns et l’embourgeoisement des autres, elle a dû déchanter ! Ainsi que le disait Camus, notre tâche aujourd’hui n’est peut-être pas de changer le monde, mais sans doute d’empêcher qu’il ne se défasse !
En France, l’extrême droite tient dans sa main (jusqu’à quand ?) la survie du gouvernement alors que l’actuel président de la Commission européenne (jusqu’à fin décembre), se déploie en courbettes et sourires pour l’ogre du Kremlin et va même jusqu’à soutenir financièrement la campagne du fasciste américain ! Tandis que les bombes et les chars israéliens continuent la dévastation de Gaza et maintenant du Sud Liban dans la totale impuissance des instances internationales et des grandes puissances, voilà que le bruit des bottes coréennes se fait entendre en Ukraine qui croule sous le feu de la Russie avec le soutien de la Chine et des BRICS.
Difficile de rester optimiste dans ces conditions et pourtant les défis qui sont devant nous sont immenses. Les inondations de ces derniers jours nous rappellent le dérèglement climatique et la crise environnementale. Les débats sur le budget 2025 à l’Assemblée soulignent les (in)conséquences de la logique libérale en particulier dans les domaines du logement, de la justice, de l’école et de l’université, mais aussi de la santé sans compter la pauvreté !
En termes de générations nous avons à nous préoccuper urgemment de la situation de la jeunesse confrontée à ces défis et tentée par les facilités des réseaux sociaux et de la pensée restreinte. Joëlle Bordet, psychosociologue, invitée aux journées de rentrée de la Mission populaire, a alerté sur l’ubérisation en cours synonyme de non-protection sociale même si cette économie grise permet à nombre de jeunes déclassés de survivre, mais où la drogue tient une place de plus en plus prégnante avec ses drames et ses morts, où la vente d’images de soi peut rapporter plus qu’un poste salarié à temps partiel ou au SMIC, … La France et ses institutions ne sont plus capables de protéger la jeunesse concluait madame Bordet.
Fabienne Rubach [2] lançait récemment un cri d’alarme dans l’Œil de Réforme, « n’abandonnons pas cette jeune génération aux influences néfastes qu’ils subissent. Essayons de les sortir de leur bulle, préoccupons-nous de leur avenir ». J’ajoute seulement, il y va de l’avenir de notre société ! Il y a urgence !
Sylvain Cuzent, président de la Mission populaire
[1] Discours d’Albert CAMUS au Banquet NOBEL à l’occasion de la réception du Prix Nobel à l’Hôtel de ville de Stockholm, le 10 Décembre 1957
[2] Fabienne Rubach, ancienne présidente de la commission des affaires sociales, politiques et économiques de l’UEPAL