Nathalie Samso-Froitier est responsable pédagogique d’une école en ligne qui enseigne la traduction français/LSF* et LSF/français. Elle propose également des rencontres bilingues (français/LSF) autour de la Bible, à distance ou en présentiel dans la région de Bordeaux. Elle a recueilli les témoignages de personnes malentendantes à propos du silence.

Stéphanie est sourde profonde de naissance, artiste peintre et sculpteur, maman et guide de Musée en LSF. Le silence fait partie de sa vie comme elle le décrit : « Synonyme de calme et de paix, le silence me permet de me concentrer et de réfléchir. Il me donne une facilité pour créer et innover, en effet je suis capable de visualiser dans les moindres détails des sculptures et peintures. »

Pour Roger, le silence est intimement lié à l’accident qui a causé sa surdité. Il avait trois ans. Pendant une année, Roger s’est retrouvé subitement dans un monde d’enfermement : « J’étais tout désorienté, je me cognais contre les murs, mes repères avaient disparu. J’étais comme mort : aucune information sonore n’arrivait à mon cerveau ; mes frères et sœurs ne communiquaient pas avec moi… Je restais muré dans mon silence. » Aujourd’hui, Roger le dit simplement : « La question du silence est inappropriée pour nous les sourds. »

Aurélien est devenu sourd à l’âge de 18 mois. Il explique : « J’ai toujours grandi avec l’oralisation*, ce qui est contraignant et impossible pour s’épanouir. C’était toujours moi qui devais m’adapter. » C’est à l’adolescence que, mis en contact avec d’autres sourds, il a trouvé sa vraie famille.

Lorsqu’on lui demande s’il lui est possible d’écouter de la musique, d’entendre le chant des oiseaux, il répond sans détour : « Je ne pense pas du tout à ce genre de chose. Je n’en ai pas besoin, car j’ai l’habitude de ne pas entendre, j’ai grandi comme cela. »

Françoise (80 ans) est sourde de naissance. Elle […]