Le 9 octobre 2025 Robert Badinter entrera au Panthéon. Pour le professeur de droit pénal en politique pendant de longues années, garde des Sceaux de 1981 à 1986, la question de la prison fut lancinante. Trouver un équilibre entre prévention, répression et aide aux victimes irrigua toute sa politique pénale dont le fil rouge fut l’égale dignité des personnes humaines. On en est bien loin concernant les peines de prison. La France ne cesse d’être condamnée pour atteinte à la dignité des personnes détenues.
Alors faut-il construire de nouvelles places de prison ? Sur le plan budgétaire, c’est le choix le plus onéreux. La dépense est sans commune mesure avec celle induite par le suivi d’un condamné par un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation en milieu ouvert. En termes de respect de la dignité de chacun, la surpopulation pénale a atteint un degré tel que construire de nouvelles places de prison semble s’imposer. Or est-ce vraiment une obligation si l’on use de toute la palette des sanctions pénales développée lorsque Robert Badinter était ministre de la Justice ?
Alors que les personnes détenues étaient 34 645 le 1er novembre 1982, leur nombre s’élevait à 84 447 le 1er juin 2025. Sans commentaires sur le faible recours aux peines substitutives à l’emprisonnement et sur le profil social des personnes détenues comme le démontrent tous les travaux scientifiques sur le sujet. Cessons de céder au discours populiste et de refuser même un système de régulation des entrées, comme le propose en vain la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. La solution de sagesse n’est pas de construire plus de places de prison mais de prononcer moins de peines d’emprisonnement.
« Souvenez-vous des prisonniers comme si vous étiez aussi prisonniers » (Hébreux 13.3).
Christine Lazerges, professeure de droit, pour « L’œil de Réforme »