Aujourd’hui, l’intelligentsia aisée vous explique que le Français est morose, n’aime pas l’effort, et que la productivité des travailleurs français est déplorable : nous serions le plus mauvais élève de la classe. Elle nous promet donc la descente aux enfers économiques. En parallèle, pour influencer les politiques jusqu’au plus haut sommet de l’État, ces mêmes nantis font dire dans tous les médias disponibles que taxer davantage le revenu du capital ne permettrait pas une bonne dynamique économique.

Sont-ils réellement sérieux ? Depuis quand le fait d’attendre de percevoir des dividendes dans votre poche a-t-il créé une quelconque productivité de cette « poche » ? Existe-t-il un réel intérêt à ce que tous les travailleurs soient hyper-compétitifs pour le seul profit de quelques fortunés, pour qui aller chercher un colis aux Restos du cœur ou exercer plusieurs petits boulots pour s’en sortir ne sont que de vagues concepts ?

Affirmer que les Français sont fainéants est un non-sens. Oser dire qu’ils n’ont pas le sens de l’effort, c’est nier l’histoire et l’actualité. Comment la France tournerait-elle sans l’armée de bénévoles engagés au sein de la myriade d’associations qui se substituent de plus en plus au travail autrefois assuré par l’État vis-à-vis de ses mandants ?

Le problème économique vient de ce que justement le capital n’est pas redistribué mais thésaurisé par trop peu. Rien ne parvient plus à le dissimuler, et, pire, la machine médiatique décomplexée et détenue par les plus opulents en fait même l’apologie. « On vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. » (Luc 6,38) Alors, quand est-ce que cette classe dirigeante nous donnera envie de travailler plus et de retrouver le goût de l’effort économique pour tous ?

Emmanuel Argaud, pasteur, pour « L’œil de Réforme »