Beauté, simplicité et élégance sont souvent évoquées pour qualifier les «grandes maisons ». Dans les ateliers de fabrication des établissements du grand luxe, l’excellence se base pourtant sur d’autres valeurs associées au travail et à la spiritualité. L’essentiel semble être la juxtaposition de deux quêtes : la sobriété d’un geste parfait et l’intuition de ce qui dépasse l’humain. Le luxe n’est donc plus la mode mais touche à l’intemporel, comme le montre la pérennité de parfums de Guerlain ou de sacs et carrés Hermès.

Y a-t-il là une proximité avec le protestantisme ? Si ce qui fonde l’humain se vit dans l’humilité devant Dieu, cela peut se traduire au travers d’objets fonctionnels, la perfection des matériaux et du travail de l’artisan, la simplicité des gestes ou encore la longévité du produit. Tout doit être discret, épuré, pérenne. La maison mère du célèbre carré propose par exemple une nouvelle vie à d’anciens foulards pour les conserver plus longtemps (teinture en surteint) ou développe des objets uniques pour sublimer ses rebuts d’ateliers (Petit h). Un autre aspect du protestantisme tient évidemment dans la grâce infinie reçue de Dieu. En considérant que le geste de l’artisan dépasse celui qui l’exécute, une grande marque peut inviter au dépassement de soi et inspirer un état d’esprit proche de l’ultime. Car une maison de luxe n’est pas un lieu de production mais l’ambassadrice d’un style de vie.

Le client peut se fondre dans cette spiritualité traduite en artisanat et vivre une expérience fondatrice. À tel point que pour beaucoup d’entre eux, la satisfaction ne consiste pas à collectionner les articles mais à en posséder un pour la force du symbole qu’il véhicule. Nous ne sommes plus ici dans la mode mais dans cet ultime intime qui conforte et rassure, inspire et éclaire.