Suite à plusieurs tragédies et événements médiatiques ces dernières années en France, le débat sur la liberté d’expression a pris une nouvelle ampleur. Cela suscite de nombreuses questions, dont une : jusqu’où cette liberté d’expression peut-elle s’exprimer, notamment vis-à-vis de la religion, de la foi ? Erwan Cloarec remet ici les bonnes notions aux bons endroits et nous fait réfléchir à notre appel en tant que chrétien.

Point-Théo : Dans l’actualité, on parlait un peu partout de « droit au blasphème »… Mais cette notion existe-t-elle vraiment en droit français ? De quoi parle-t-on ?

Je crois effectivement utile de commencer cet interview en précisant d’emblée qu’en droit positif français la catégorie de blasphème n’existe pas, et qu’elle ne saurait exister. Tout simplement parce qu’en laïcité, en vertu du principe de séparation de l’Église et de l’État, la puissance publique ne saurait avoir de compétence théologique. Il ne lui appartient par conséquent certainement pas d’arbitrer entre ce que les citoyens peuvent dire ou ne pas dire au sujet de Dieu ou des croyances d’untel ou untel. Ni de limiter ou cadenasser à l’inverse l’expression de ces dernières. Autrement dit, dans le débat d’idée théologique, et plus largement philosophique, l’État n’a pas à distribuer les bons et les mauvais points. Il sortirait, ce faisant, de son rôle et de l’exigence de neutralité auquel la laïcité l’astreint. Ni droit au blasphème ni délit de blasphème en droit français donc, mais la garantie d’une […]