Chaque texte est bien daté, souvent en relation avec les annonces de mise en place ou de retrait des confinements. L’idée générale, qui revient en permanence, est que les mesures de restriction de liberté indispensables en temps de pandémie, devraient être soumises au plus grand nombre possible de partenaires, politiques, économiques, scientifiques et associatifs. Sans une adhésion très large de la société, les mesures prises en haut lieu sont d’une part inefficaces et d’autre part dangereuses pour la démocratie, si on s’habitue peu à peu à des limitations de liberté sans débat. La critique est dure face aux discours paternalistes, infantilisants et culpabilisants des pouvoirs publics.
Le temps a passé depuis, mais on peut se demander si l’ « Appel à une gouvernance démocratique de la crise sanitaire » du 5 décembre 2020, dont le texte est donné en fin de volume, a été entendu. On peut par ailleurs après coup se poser bien des questions en lisant les passages où Emmanuel Hirsch craint des séditions face aux décisions abusivement autoritaires. Elles n’ont pas eu lieu. Est-ce le résultat d’une politique de sédation sociale ?
Il est à craindre que le livre d’Emmanuel Hirsch reste longtemps d’actualité. Il le sera à cause de son sujet principal, mais aussi par les échos qu’il donne de bien des situations où les plus vulnérables ou souffrants sont négligés et par sa façon d’aborder des questions qui resteront toujours d’actualité, par exemple sur la recherche biomédicale, l’évaluation de risques, les discriminations, l’accompagnement de fin de vie ou le respect des familles. Ce livre bien daté restera donc longtemps actuel.