« Rencontrer des croyants, c’est dire non à la morosité, c’est embrasser l’avenir » : Marie Bourgois est une jeune journaliste. A 26 ans, elle est partie neuf mois en janvier dernier sur les routes de France à la rencontre de croyants. Des chrétiens, des juifs, des musulmans, des bouddhistes… Au bout du chemin, une centaine de portraits qu’elle a d’abord publiés sur son site internet puis dans un livre du même nom qui parait fin octobre aux éditions Valensin.
L’idée de ce reportage lui est venue à New York où elle effectuait un stage il y a deux ans. « Je me tenais informée de ce qui se passait en France en lisant les journaux », raconte-t-elle. « Les religions n’y étaient citées qu’à propos de conflits – les manifestations pour ou contre le mariage pour tous, le terrorisme islamique, la question palestinienne – et rarement à travers des événements religieux qui rassemblent et font un peu avancer le monde ». Aux Etats-Unis, Marie Bourgois découvre aussi « un pays où on peut exercer sa foi de manière beaucoup plus libre que chez nous, où l’expression publique des cultes est banale » alors qu’elle est mal acceptée dans la France laïque où « croire est devenu ringard ».
Le quotidien des croyants
Durant ces neuf mois, Marie Bourgois a vécu dans le quotidien de croyants afin, dit-elle, « de comprendre et d’analyser de quelle façon leur foi influence leur existence. Des croyants ordinaires comme vous et moi ». Chaque mois, elle dressait ainsi le portrait de douze à quinze personnes essayant de les « présenter de manière positive et de montrer comment la foi nous permet de faire des choses pour améliorer la société ».
Parmi ces 100 croyants, 14 protestants : des hommes et des femmes, des luthéro-réformés et des évangéliques, des pasteurs et des laïcs. Ce qui les distingue des autres croyants? « Peut-être un engagement plus profond et plus concret dans la société », affirme Marie Bourgois. A l’exemple de Paul et de Claudette, un couple de Basse-Normandie marié depuis 52 ans et encore engagé dans des associations: « Il y a tellement de choses qu’on subit. Alors quand on peut agir, on le fait! » Ou de Titia, une pasteure de l’Eglise protestante unie de France à Montpellier: « Prier, ce n’est pas seulement joindre les mains, c’est aussi se retrousser les manches ». Ou encore de Jacques qui préside une radio chrétienne: « Déjà en tant que citoyen, il faut s’arrêter et aider, mais en tant que chrétien, encore plus. On ne peut pas porter toute la misère du monde, mais quand on peut, on le fait ». […]