A peine les élections municipales terminées, et le président de la République s’empresse de reléguer au second rang l’écologie que pourtant le scrutin a mis en avant. L’accueil réservé aux 150 propositions de la convention citoyenne pour le climat est à cet égard révélateur. Certes, Emmanuel Macron n’a rejeté que trois propositions sur 150, et on pourrait en conclure qu’il a adopté l’ensemble à quelques virgules près. Cependant, la taxe de 4% sur les dividendes – qui a été refusée sous le prétexte qu’elle allait décourager les investisseurs – est une des propositions les plus importantes, car elle met le doigt sur le principal dysfonctionnement de notre système économique, qui est à l’origine du réchauffement climatique et aussi du creusement des inégalités entre riches et pauvres, je veux parler de la recherche de profits financiers toujours plus juteux. Cette logique nous conduit tout droit dans le mur, puisque le désir de gagner toujours plus d’argent provoque immanquablement une course à la production de biens et à la consommation, ce qui, par voie de conséquence, entraine la hausse des gaz à effet de serre et l’épuisement de nos ressources naturelles.

Un ver(t)ni ou davantage ?

L’enjeu en effet est de savoir si l’écologie va rester un verni et si on va se contenter de colorer en vert nos politiques actuelles, ou bien si on est prêt à revoir plus fondamentalement nos modes de vie et notre façon de faire société. Autrement dit, veut-on agir sur les symptômes ou bien sur les causes de la maladie. Ou pour prendre une autre image empruntée à Jésus, « personne ne met une pièce de drap neuf sur un vieil habit car elle emporterait une partie de l’habit et la déchirure serait pire… » (Matthieu 9 v 16). Ainsi, plutôt qu’un rafistolage ou un raccommodage superficiel, il nous est demandé de consentir à un changement profond de comportement. Les prophètes et Jésus à leur suite parlent même d’un changement de direction. Et ce changement se décline sur le plan personnel, mais aussi sur le plan collectif, dans les choix de société que nous faisons.

Laisserons-nous libre cours à la convoitise et la démesure inscrite dans notre nature, ou bien assumerons-nous de façon responsable les limites de notre condition humaine et celles de la planète ?

Privilégierons-nous la recherche de liens plutôt que l’accumulation de biens ? la solidarité et la recherche du bien commun – en y incluant tous les vivants – plutôt que le chacun pour soi ?

Voici quelques questions qu’il est bon de se poser régulièrement pour que le jour qui se lève soit plus beau…