Quand la porte se ferme derrière lui, il est à la maison mais pas en sécurité. Il cherche les indices : est-ce que ça va tomber ? Est-ce que la main de papa va se lever et s’abattre sur son petit corps sans crier gare ?

L’enfant invisible… cache ses bleus parce qu’un parent qui frappe a sûrement eu une raison. Les adultes ça montre l’exemple, alors le coup inattendu, c’était probablement de ma faute, mieux vaut me taire et mentir (et il se redit tout bas : « C’est de ma faute à moi »).

Et derrière les portes fermées du confinement, il est bien seul, l’enfant invisible.

Oublié

Peut-être que certains ont oublié que tant d’enfants partent à l’école le ventre vide et n’ont leur repas chaud que grâce à la cantine de l’école. À la maison, c’est peu, ce qu’on lui donne : des pâtes peut-être et des frites froides.

Il est invisible, cet enfant, parce qu’on ferme les yeux.

Depuis des jours, depuis toujours, le soir, personne pour le bercer, lui dire de faire de beaux rêves parce que sa maman joue sur internet  et qu’elle a oublié qu’un enfant, ça n’est pas assez grand pour s’occuper de soi et encore moins de ses petits frères et sœurs.

Et personne n’entend l’appel à l’aide des petites filles dont on n’a pas respecté l’enfance, et dont on nie, dont on salit le corps qui crie pourtant si […]