Etre infirmier, c’est être confronté à la violence ?
L’hôpital n’est plus un bastion protégé de la violence. Nous sommes à l’ère du «tout tout de suite et moi en premier». Et ce qui touche la société dans son ensemble se reflète forcément à l’hôpital. La douleur ou des troubles cognitifs sont parfois présents, pouvant augmenter la tension dans certaines situations. Malgré cela, notre mission première reste de soigner. La sécurité doit faire partie de nos préoccupations, mais elle ne doit pas prendre le dessus. En tant qu’infirmier, on doit travailler avec le risque. Il faut être vigilant, mais ne pas verser dans l’hypervigilance.
Je travaille au sein du service de psychiatrie adulte, dans une unité réservée aux admissions. Au vu des tableaux cliniques que nous rencontrons, nous sommes l’un des services où la violence est présente de manière régulière. Il faut donc développer certaines compétences pour la désescalade, par exemple. Cela ne s’apprend pas à l’école, mais sur le terrain. C’est pour cela que l’on organise le mentorat et que l’on soigne tout particulièrement l’accueil des nouveaux membres du personnel infirmier ou médical. Une formation spécifique pour la psychiatrie existe depuis 2013: elle traite de la prévention de la violence au travail. Cet aspect s’inscrit dans une volonté institutionnelle d’améliorer la sécurité aux HUG.
Pour une personne qui peut être dans une situation de souffrance ou qui peut ressentir des troubles de perception, la violence surgit quand il n’y a plus de mots. C’est pour cela qu’il faut être observateur, c’est la première qualité d’un infirmier ou d’une infirmière. Pour les patients que l’on connaît, on sait repérer certains signes. Et pour les autres, eh bien, on fait connaissance!
La cohésion du groupe des soignants est-elle importante ?
Concernant le sentiment de sécurité, lorsque des actes de violence surviennent, il y a un impact sur l’ensemble de l’équipe. Ces événements abîment «l’outil de travail», peuvent démotiver, mais cela peut également mettre à mal la confiance que les patients ont dans l’institution ou leur bien-être. Nous organisons des échanges après un événement de cette nature afin de permettre aux personnes de […]