Pour le moment, en dépit des mesures prises, les violences faites aux femmes ne reculent pas en France. Déjà, parce que les femmes osent davantage en parler. Ensuite, parce qu’elles ont explosé pendant les différentes périodes de confinement liées à la Covid-19. En 2021, le ministère de l’Intérieur a recensé 207 743 victimes de violences conjugales en France, dont une large majorité de femmes. Des chiffres en hausse de 21 % par rapport à 2020. En 2021, 122 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Et depuis le début de 2023, les associations parlent d’une quarantaine de féminicides. Dans ce contexte, Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, a présenté de nouvelles mesures lundi 22 mai, relate franceinfo.
Avant la fin de l’été, un décret entérinera la création de pôles spécialisés dans les violences intrafamiliales. Il y en aura un par tribunal, soit 164, et autant d’équipes coordonnées par des magistrats référents du siège et du parquet. Celles-ci travailleront en tenant compte des spécificités locales, a précisé le garde des Sceaux. En cas “d’urgence extrême”, le juge pourra prendre une ordonnance de protection en 24 heures. La mesure autorise l’éviction du conjoint violent et peut inclure une interdiction d’entrer en contact avec la victime. En 2019, le délai était passé de 45 jours à six. Une fois cette mesure prise, le juge disposera de six jours pour réexaminer la situation. Pour voir cette accélération se concrétiser, il faudra patienter jusqu’à un projet de loi “à l’automne”.
Nombreuses défaillances
Dans leur rapport sur les violences faites aux femmes, les députées Émilie Chandler (Renaissance) et Dominique Vérien (UDI) mettent également l’accent sur la nécessité d’améliorer la “coordination” entre les différents acteurs. Plusieurs féminicides ont mis au jour des défaillances sur le suivi de conjoints violents. Aussi, les deux élus préconisent la création d’un fichier regroupant les informations sur les auteurs. Un point sur lequel la Chancellerie et l’Intérieur planchent, indique franceinfo. Le rapport insiste également sur une meilleure prise en charge des hommes violents.
Afin d’éviter le pire, il faut “un maillage de personnes formées à tous les niveaux de la chaîne”, qu’il s’agisse des médecins, des travailleurs sociaux, des fonctionnaires chargés de prendre les plaintes, etc. afin de ne “pas passer à côté” de situations de danger, insiste Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Les parlementaires, eux, d’étendre le dispositif “téléphones grave danger”. Alors que les “bracelets anti-rapprochement” sont inefficaces en raison de problèmes techniques, les associations de défense des femmes victimes de violences conjugales trouvent les mesures annoncées “incomplètes” et “décevantes”.