D’une guerre (sanitaire) à l’autre (en Ukraine) et à la faveur des échéances électorales présidentielles et législatives de ce printemps, la question politique s’invite naturellement dans nos Églises. Au risque parfois de la division… La question du vaccin et du « pass sanitaire » aura provoqué au sein des communautés ou entre croyants sur les réseaux sociaux des débats houleux, parfois suscité des invectives malheureuses, jusqu’à la rupture du dialogue. Alors, si les bonnes manières nous informent qu’il est probablement sage d’éviter le sujet politique en famille, évitant le risque de plomber l’atmosphère du repas dominical, faut-il s’interdire pour autant, en Église ou à l’échelle de nos institutions représentatives, de s’intéresser à la chose publique ? Je ne le crois pas. Notre foi aurait trop à perdre en termes de crédibilité, et notre témoignage en termes de contenu, d’incarnation et d’impact.
À une époque où les cadres théoriques et les grands discours ne suffisent plus pour « embarquer l’imaginaire », nos contemporains nous attendent davantage encore que par le passé sur une vie et une pratique conséquente avec l’espérance qu’elle énonce. De notre capacité à mettre les mains dans le cambouis de la vie de quartier, dans une posture d’implication citoyenne responsable, à une réflexion conséquente sur les questions de justice climatique en passant par des actions concrètes dans l’accueil des réfugiés ou des personnes en précarité (en amont et au-delà de l’émotion suscitée par la crise en Ukraine), tout ce qui touche à l’humain et à la vie en société concerne et doit concerner le chrétien. Au risque, sinon, d’une foi hors-sol, ou simplement morte en elle-même. La tentation du retrait quiétiste qui a pu marquer l’héritage de nos Églises évangéliques doit être fuie autant que celle de la puissance ou de […]