Dès l’enfance, on nous apprend à nous méfier. Des adultes, des médias, des politiques, et même des religieux… Tout le monde se méfie de tout le monde, et même du réel lui-même !
Dans À l’assaut du réel, Gérald Bronner le dit crûment : nous sommes passés de l’idée que le vrai est une opinion comme une autre à celle, plus déstabilisante, que le réel est désormais une fiction parmi d’autres. Le monde est trop complexe pour que nous puissions prétendre le comprendre. Les écrans s’interposent et pré-digèrent la réalité pour nous. Alors certains s’en remettent à leur ressenti, leur intuition, leur désir. « C’est l’obsession ultime de notre espèce que de plier le réel à nos aspirations », dit Bronner.
Et pourtant, nous n’avons pas d’autre choix que de faire confiance si nous voulons créer un monde en commun. Parce qu’il nous est impossible de tout vérifier, tout maîtriser, tout expérimenter par nous-mêmes.
La confiance est un choix de vie qui n’est possible que si l’on accepte sa vulnérabilité : la possibilité de la trahison sera toujours là. C’est le risque d’être vivant. Il faut renoncer au désir d’emprise et de domination.
La confiance relève de l’économie du don, non du contrat. Elle prend racine dans la gratitude et regarde l’avenir dans l’espérance. Elle regarde vers Celui qui nous donne cette liberté intérieure qui nous arrache à la peur. Sans l’expérience de l’amour inconditionnel, nous ne pouvons ni avoir confiance en nous, ni faire confiance aux autres.
Donner sa confiance, c’est sortir de l’impasse de la peur. C’est s’ouvrir à la vie vivante.
Samuel Amedro, pasteur, pour « L’œil de Réforme »