Au cours de mon périple estival j’ai croisé une dame un peu âgée qui, ayant appris que j’étais pasteur me serra la main en disant : “Bonjour, je ne suis plus protestante”. Pendant que son mari à quelques pas de là levait déjà les yeux au ciel je lui ai souri et répondu : “C’est un bon début.” Pourquoi, je n’en sais rien. Il y a de temps à autre des répliques qui sortent d’on ne sait où et frisent l’illogisme mais font mouche. Certains appellent cela l’Esprit saint d’autres l’intuition ou un simple mécanisme de défense humoristique face à la surprise.
Nous sommes Église ensemble
Le résultat fut une heure de rencontre vraie cœur à cœur de celles dont on sort plus vivant et léger. Car cette dame bien comme il faut a souri à la remarque et tempêté contre son Église, mais on sentait déjà la tendresse et la frustration derrière l’écume des mots.
Longtemps, elle avait servi et donné ; elle s’était retirée un jour sur la pointe des pieds après une remarque acerbe d’un paroissien ce jour-là mal luné. Dix ans après, il suffisait d’un trait d’humour pour commencer à vider un sac lourd du sentiment de l’abandon.
Pourquoi parler de cela dans un éditorial de septembre ? Je crois profondément que lorsqu’une paroisse parle dans son projet de vie d’accueil ou de visite, c’est de cela dont il s’agit : des blessures entre frères, du manque de reconnaissance, parfois des attentes de certains serviteurs vis-à-vis de la communauté. Chaque communauté peut inventer ses manières d’y remédier, chaque paroissien peut se laisser guider par son intuition, même si elle paraît initialement farfelue. Que ces plaies soient intérieures ou décuplées par une trop grande sensibilité importe peu. Nous sommes Église ensemble.