On a parfois confondu le discours chrétien sur l’espérance avec une vague consolation : « Vous êtes malheureux aujourd’hui, ne vous inquiétez pas »« Cela ira mieux demain », quitte à faire de ce lendemain l’au-delà de notre vie. Cela n’est plus audible dans notre monde contemporain. Nous devons être exigeants sur la notion d’espérance. Non, demain n’ira pas forcément mieux. Mais en même temps, nous nous projetons. Comment faire autrement ? La philosophie du carpe diem (« profite du jour »), comme but ultime de l’existence, n’est plus tenable. Demain est indispensable. Mais, aujourd’hui, les habitants de l’Ukraine sous les bombes, partout sur leur territoire ces derniers jours, ne cherchent qu’une chose : survivre.

Un ami, amateur de marche dans le désert, alors que je l’interrogeais sur cet état de solitude fragile et de retour sur soi, me disait : « Dans le désert, on ne pense qu’à une chose : boire. » Cela est vrai aussi pour qui subit la guerre. Et pourtant, en plus de cet instinct animal de survie, certains pensent déjà à l’après-guerre, du moins y aspirent. Imaginer une suite ! Un être humain qui ne rêve plus ou qui n’imagine plus, même au-delà de sa personne, devient fou. Notre raison fait de nous des animaux un peu particuliers, dont l’un des besoins vitaux est de penser. On peut admirer le courage des Ukrainiens qui continuent à faire vivre le pays, à ne pas se laisser aller au […]