Question : comment Donald Trump, aujourd’hui condamné au pénal, aussi emporté et menteur que vulgaire, peut-il susciter autant de soutien dans la puritaine Amérique ? Et en particulier chez les chrétiens ? 

Selon l’essayiste américain Tim Alberta, la réponse serait à chercher dans l’appréhension de ces croyants qui observent avec crainte l’évolution d’un pays devenu moins blanc, moins religieux et plus tolérant envers des modes de vie que cette communauté juge déviants. « Si vous considérez le fait que les guerres culturelles ont basculé si brutalement en leur défaveur et que le pays est en train de changer de manière si spectaculaire en si peu de temps, vous commencez à comprendre pourquoi il y a cette peur, cette anxiété », déclare-t-il dans une série d’entretiens autour de son livre The Kingdom, the Power, and the Glory [éditions Harper, inédit en France]. 

« Si vous croyez que les Barbares sont à nos portes, alors vous vous dites, « Peut-être avons-nous besoin d’un Barbare pour nous protéger » », poursuit-il. C’est en résumé la relation des chrétiens conservateurs avec l’ancien président. Donald Trump ne partage aucune des valeurs évangéliques, mais il est prêt à partir en guerre pour notre cause, comme aucun bon chrétien n’oserait jamais, estiment-ils. 

À se demander si ces questions culturelles ne seraient pas aussi à l’œuvre en Europe. La guerre culturelle n’est probablement pas étrangère aux progrès des forces populistes qui pourfendent les évolutions sociétales en cours. Une guerre qui oppose d’ailleurs en grande partie le « Sud global » à l’Occident et ses mœurs jugées dissolues.

Jean-Luc Mouton, théologien et journaliste, pour L’œil de Réforme