Le charivari sur les droits de douane que le président des États-Unis impose au monde nous pousse à revenir aux fondamentaux. Un pays qui importe beaucoup et exporte moins, comme les États-Unis, profite du travail des autres pour consommer beaucoup. Pour un pays ordinaire, ce déficit entraîne une dette qu’il faudra un jour rembourser. Rappelons-nous les dévaluations à répétition que la France a connues, qui avaient pour conséquences mécaniques une diminution des importations, puisque les produits importés valaient brutalement plus cher. 

Les États-Unis ne connaissent pas cette sanction puisque l’accumulation des déficits est payée par la monnaie qu’ils émettent eux-mêmes, le dollar, accepté partout. Tout se passe comme si un individu, flambeur invétéré, payait ses dettes accumulées par des billets libellés « un jour, je vous rembourserai », dont ses créanciers se contentaient. 

La décision surprenante du président Trump rompt, paradoxalement, avec la logique dominatrice des États-Unis qui profitaient, finalement, du travail des autres sans jamais le payer. La hausse spectaculaire des droits de douane envisagée sur les produits importés entraînera mécaniquement une réduction de leur volume et donc une réduction du pouvoir de consommer des Américains. Et les richesses produites par les pays qui exportent vers les États-Unis devront trouver d’autres débouchés. 

En termes moraux, il est bon de penser que ces richesses vont profiter à d’autres qui n’en sont pas gavés. En termes économiques, une immense réflexion s’ouvre pour que le système mondial des échanges économiques retrouve une certaine stabilité. Le monde aurait bien besoin de lieux de coopération entre les nations, lieux que, précisément, le président Trump veut dynamiter.

Alain Penchinat, entrepreneur, pour « L’œil de Réforme »

S’abonner à « L’œil de Réforme »