Non, la confirmation n’est pas la fin de la catéchèse. L’approfondissement de la foi peut faire l’objet d’une recherche de toute une vie et de rencontres fortes. Cette conviction a tout d’abord amené le service jeunesse de la Région réformée à proposer depuis plusieurs années des temps forts pour tous les jeunes de la Région. Un séjour dans la communauté de Taizé permet ainsi chaque année de développer une dimension œcuménique clairement marquée et des rencontres spirituelles souvent marquantes. Un week-end baptisé Connexions offre également la possibilité de rencontres et d’aborder sous l’angle de la foi des sujets d’actualité ou de réflexion personnelle. Dans l’Inspection luthérienne, la MIJI propose également des activités, soit par la louange soit par l’action sociale.

Les efforts s’essoufflent vite

Mais c’est souvent en ordre dispersé que des projets locaux voient le jour pour fédérer des adolescents au gré du dynamisme d’un pasteur, de la volonté d’une équipe de catéchèse soucieuse de donner une suite à l’année des confirmations, ou simplement parce que des parents ont choisi de s’investir auprès de leurs enfants. Et la dispersion rime avec l’essoufflement de groupes qui dureront majoritairement entre deux et trois ans et concerneront parfois quelques jeunes. Est-ce pour autant un problème ?

Au-delà des souvenirs que cela crée pour les participants, on sait combien le temps de l’adolescence est susceptible de marquer des éloignements et des refus de ce qui est proposé, avant que des décisions personnelles n’interviennent quelques années plus tard. Cette période entre 15 ans et les études a toujours été particulière et beaucoup reconnaissent aux jeunes la nécessité de souffler un peu. Il n’est pas étonnant que les efforts des parents ou des responsables d’Églises aient dès lors souvent du mal à porter du fruit.

Des jeunes avides de sens

Pourtant, dans les familles, on connaît aussi la propension des adolescents à rester des heures au téléphone avec leurs amis ou à partager photos et nouvelles par les réseaux sociaux. On sait l’importance pour eux de se constituer en groupes d’amis ou d’intérêt, qui discuteront des soirées entières sur les sujets sensibles du moment, qu’il s’agisse du manque de respect d’untel, de l’évolution de la planète ou d’éthique personnelle dans les rapports humains et sentimentaux.

Les personnes qui écoutent et accompagnent ces jeunes témoignent tous d’une avidité de réflexion et de recherche de sens, à partir du moment où l’adulte ne cherche pas à apporter les bonnes réponses mais bien à être à l’écoute et à entrer en dialogue. Si chaque année de nombreuses initiatives de groupes paroissiaux germent ici et là et réussissent, c’est principalement lorsqu’elles correspondent à la recherche de cette génération montante.

Fédérer n’est pas si simple

L’organisation d’événements régionaux tient sur la disponibilité de bénévoles, et la participation est souvent fonction de l’implication des quelques pasteurs accompagnateurs. Bon nombre d’initiatives restent locales et le service jeunesse accompagne donc aussi les Conseils presbytéraux qui le souhaitent pour réfléchir et offrir aux enfants devenus grands des possibilités d’action et de réflexion. Le principal écueil rencontré est de savoir quoi faire, quoi proposer pour être attractif et faire venir les jeunes. Devant la difficulté, beaucoup de paroisses se demandent comment fédérer leurs efforts pour obtenir des groupes suffisamment forts pour que s’y vive une ambiance sympathique et insuffler une énergie suffisante pour les faire perdurer. On évoque pêle-mêle l’éloignement rendant nécessaires les covoiturages, le risque de perdre une partie de la jeunesse locale au profit d’un autre lieu plus dynamique, ou la complication de tourner d’une paroisse à l’autre pour équilibrer la géographie des rencontres…

Accompagner plus qu’organiser

Il est alors important de proposer que la réflexion se situe ailleurs. Car ces débats sont essentiellement l’apanage d’une Église d’adultes et de transmission, les idées émanant du centre de la vie paroissiale. L’exemple de la communication en est un signe. Lorsqu’une information arrive localement pour proposer un événement particulier, cela se fait souvent par voie d’affiches ou de tracts. Les personnes touchées seront donc celles qui sont déjà en recherche et viennent au temple trouver une réponse, ou celles déjà intégrées dans les réseaux habituels de la communauté. Finalement, très peu de participants potentiels seront informés des possibilités offertes.

Le service régional essaye donc d’informer et d’accompagner, plutôt que d’organiser pour les paroisses ou de fédérer des initiatives locales. Il serait ainsi intéressant de travailler davantage avec les animateurs et responsables de groupes, afin de partager difficultés et astuces, de s’interroger sur la posture de l’animateur et de se former à l’animation et à son cadre légal. Pour ce qui est du cadre des activités, un accent particulier est mis sur la formation et la vigilance aux normes actuelles de l’État, parfois même sur l’obtention d’un BAFA ou d’un brevet de direction lorsqu’il s’agit de séjours. Des liens avec le scoutisme sont également souvent profitables sur ce plan, d’autant qu’une porosité très forte est parfois constatée localement entre groupes paroissiaux et unités scoutes.

Rappeler la gratuité de la grâce

Pour ce qui concerne l’état d’esprit, l’accompagnement porte prioritairement sur la prise de conscience que les jeunes participent à ce qui prend pour eux du sens. Il s’agit de ne pas faire peser sur la jeunesse la pression de porter l’avenir de l’Église. Au contraire, ce qui pourra permettre de les rencontrer est plus de l’ordre de la réflexion sur leurs propres interrogations, à laquelle peuvent être associés des apports bibliques et spirituels qui mettent en mouvement. Aborder les choses différemment est donc une nécessité totalement indépendante des peurs ou des souhaits des adultes ; elle relève plutôt de la création d’espaces paisibles de dialogue où l’annonce de la gratuité de la grâce créera du soulagement face à la pression de la vie quotidienne.

Le rôle des anciens

Il ne faut pas en déduire que les adultes sont proscrits de la sphère de la jeunesse, bien au contraire. L’apport de témoignages de paroissiens âgés lors des séances de catéchèse a même démontré tout l’intérêt qu’il y avait à proposer une approche intergénérationnelle. Lorsque cette présence est créée avant la confirmation, la proximité personnelle perdure entre jeunes et anciens et permet la création de groupes de jeunesse en continuité de la catéchèse. Sans doute faut-il pour cela que les années d’instruction religieuse en tiennent compte et que les projets de jeunesse se bâtissent sur un réel dialogue intergénérationnel où la parole des enfants et des adolescents soit considérée avec le même poids que celle des adultes… mais la confirmation n’est-elle pas aussi le moment où l’on reconnaît qu’un enfant est devenu adulte dans sa foi ? Entre propositions régionales et accompagnement des paroisses, le service jeunesse porte là une mission importante pour soutenir, former et finalement tracer une route pour cette jeunesse qui est déjà l’Église, à sa façon.