Synoder signifie marcher ensemble sous le regard de Dieu. En région parisienne réformée, les trois axes de la dynamique ont ainsi été réaffirmés : « Choisir de grandir », « L’annonce d’abord » et « Prendre soin du lien fraternel » devraient permettre aux paroisses de répondre aux enjeux des prochaines années.
Relais des Conseils presbytéraux
Il s’agit de nourrir une présence de l’Église dans le monde autant que d’accueillir et de témoigner ensemble. Les évolutions que cela suppose peuvent être importantes, mais s’appuieront sur dix services régionaux chargés d’aider matériellement et spirituellement les initiatives locales.
La force et l’implantation des Conseil presbytéraux devrait servir de relais pour que les projets prennent corps, que l’on vive en paroisse parisienne, de banlieue ou de province et quel que soit le type de projet, qu’il s’agisse d’implanter une équipe de visiteurs ou de répondre aux enjeux du Grand Paris.
Soutenir les bénévoles
L’un des buts de ces synodes régionaux était donc de réfléchir aux projets et aux moyens nécessaires à leur apporter. La réalité du terrain est contrastée, suivant les ressources financières et humaines des différentes communautés. Car si l’organisation presbytérienne-synodale offre une ossature aux Églises locales et à l’Église régionale par l’intermédiaire des synodes, certains responsables paroissiaux échappent parfois à cette stabilité.
C’est par exemple le cas pour certains catéchètes et responsables d’entraides dans des paroisses sans pasteur, qui doivent réinventer des programmes ou tenir des permanences sans avoir de vis-à-vis ou de formations systématiques. D’une manière générale, l’Église demande à ses bénévoles une implication forte et souvent grandissante. L’implication personnelle de ces ministres locaux est importante et parfois technique, ce qui justifie la création ou le renforcement de services régionaux capables de soutien.
Un ministère d’adaptation
Il n’en est pas de même pour ce qui concerne nombre de pasteurs. Car si les paroisses bénéficient des forces bénévoles, celles-ci sont encadrées principalement par la figure pastorale lorsqu’elle est présente. Ce ministère particulier est complexe à décrire.
Il est d’abord un ministère dit « de l’Union ». C’est-à-dire qu’il ressort d’une reconnaissance nationale validant des capacités théologiques et une aptitude à mener une mission pastorale en paroisse ou dans une autre instance liée à l’Église. Cela implique que le ministre veille à l’unité dans son lieu d’implantation. Le pastorat est ensuite un ministère à vocation locale, le pasteur étant appelé pour mettre en musique le projet paroissial élaboré durant l ’année de vacance du poste. À ce titre, le pasteur est pleinement paroissien et serviteur de la Parole dans un lieu qui ne lui appartient pas mais qu’il devra dynamiser. Or chaque paroisse est différente et cela demandera une qualité d’adaptation au ministre en fonction des particularités locales.
Vulnérabilité pastorale
Comme tout un chacun, le pasteur a ses qualités et ses zones d’ombre ou de difficulté. Souvent attendue sur un plan d’exemplarité, la figure du pasteur ne peut qu’être en décalage par rapport aux imaginaires générés par la fonction. Les Conseils presbytéraux connaissent le caractère humain de leur ministre et s’y adaptent, mais ce n’est pas forcément le cas des autres paroissiens. Ils sont nombreux à considérer « leur » pasteur comme l’être capable de répondre à leur besoin spirituel, ecclésial, religieux et parfois amical. Le ministre se retrouve ainsi au centre d’un système où il risque souvent de jouer le rôle de QSP, la Quantité suffisante pour que ça tourne. Outre la myriade de talents et la disponibilité que cela suppose, c’est compter sans la vulnérabilité pastorale.
Elle est d’abord liée à l’humaine condition, car nul n’est à l’abri d’une défaillance ou d’une crise de vocation. L’exemple du ministère féminin durant la période d’éducation des enfants est très parlant. Entre nécessité de faire garder les enfants ou volonté d’assurer un équilibre entre la vie de famille et la vocation, les femmes ministres sont particulièrement exposées.
Un autre type de vulnérabilité est l’équilibre psychique du ministre, spécialiste de théologie et appelé à accompagner des situations personnelles. Pour important qu’il soit, ce secteur du ministère est psychiquement impactant et nécessite un suivi de relecture auprès d’un spécialiste : même si pour la plupart cela se passe bien, des situations de souffrance semblent parfois générées et justifient un suivi particulier. Or les ressources pastorales comme celles de l’Église sont limitées.
Solidarité exceptionnelle
La vulnérabilité des ministres de l’Église ne s’arrête pas à ses activités. La spiritualité est un sujet intime, sujette à variation ou à une sensibilité exacerbée, chez les paroissiens comme chez les pasteurs. L’exercice d’un ministère théologique où le débat est permanent peut fragiliser les cadres de l’Église, cela est normal dans ce type de « métier » et les effets de la fatigue doivent pouvoir s’accompagner, notamment par la formation permanente.
En revanche sur le plan physique, la vulnérabilité des ministres est souvent imprévisible en dehors des divers maux liés à l’outrage des ans ou à la sensibilité personnelle. Le poids n’est ici pas uniquement physique mais aussi moral au regard des faibles capacités financières des familles lorsque le conjoint éventuel ne travaille pas ou que la famille est nombreuse. Des structures d’aide existent comme l’EMPP, l’Entraide médicale protestante pastorale, dont le statut associatif permet de recevoir des dons de personnes fidèles et soucieuses de la solidarité avec le corps pastoral. Cet organisme permet entre autres de pallier les difficultés passagères pour lesquelles les mutuelles n’offrent qu’une protection partielle dans des situations financières personnelles souvent tout juste équilibrées.
D’une manière générale, le ministère pastoral est donc l’un des plus exposés de l’Église, entouré d’une attention et de solidarités qui collaborent à sécuriser les serviteurs de la Parole.
La réflexion est menée autour de ces ministères, pour savoir comment les étayer par d’autres types de ministres, plus spécialisés ou correspondant aux adaptations nécessaires de l’Église. Ces questions seront abordées lors des prochains synodes régionaux, pour être statuées dans deux ans. Une autre manière de renforcer le projet régional actuel.