Depuis deux millénaires, le christianisme affirme sa vocation universelle. Dès 1789, et sans doute avant, la France s’est elle aussi donné une vocation universelle, notamment avec la proclamation des droits de l’homme. Comme nous l’avions écrit dans un autre article, notre religion a hésité entre deux modèles d’universalité, celui de la conquête (traduction du mot grec oikouménè) et celui de l’accueil (traduction de katholikos). On ne peut que constater la même hésitation dans les discours portés par la République française. C’est sans doute aussi le signe d’une influence historique de la pensée chrétienne sur notre pays.

Aujourd’hui, le président de la République, au sujet de l’antisémitisme qui gangrène toujours notre société, a appelé les responsables des cultes à agir, notamment auprès des jeunes, pour promouvoir « l’universalisme des valeurs républicaines ». Certains s’en sont étonnés. On demande aux religions de régler les tensions entre communauté au sein de la société, mais on ne les écoute pas autant lorsqu’elles émettent des avis sur les sujets de société. On peut ici hésiter : les religions doivent-elles rester silencieuses, ou bien jouent-elles un rôle social ? La réponse s’impose d’elle-même : oui, elles ont une fonction essentielle dans l’apprentissage du vivre-ensemble. D’ailleurs, si l’on supprimait toutes les associations caritatives issues des religions, l’action sociale dans notre pays s’effondrerait.

Une voix singulière

Les religions, par un phénomène de capillarité, peuvent toucher de nombreuses personnes, et faire passer des messages. Mais, en même temps, elles perdent de leur influence, au profit notamment des réseaux sociaux qui, eux, ne relèvent d’aucune institution religieuse, et permettent de nombreuses dérives et discours de haine. Pour être clair, c’est moins dans les mosquées que sur les réseaux que […]