Neal Blough, professeur d’histoire de l’Eglise, revient aux fondements des questionnements. Qu’est-ce que l’Église et où se trouve son autorité ? Réponse tout en nuances.
« Réforme » n’était pas un mot nouveau à l’époque de Luther. Déjà un siècle auparavant, au Concile de Constance, où l’on a réglé la question du schisme papal (Avignon ou Rome ?), la nécessité de réformer l’Église dans sa tête (la hiérarchie) et ses membres (la base) a été proclamée haut et fort. Au 11e siècle a eu lieu la « réforme grégorienne » qui a cherché à arracher l’Eglise de la main des pouvoirs politiques. Les mouvements monastiques ont connu des réformes nombreuses. Protestants et catholiques évoquent une Église semper reformanda, toujours en train de se réformer.
Conservatisme et adaptation
La nécessité constante de réforme vient non seulement du fait que l’Église peut être infidèle, mais aussi du fait qu’elle est « dans le monde » sans « être du monde ». Elle vit dans une tension constante entre sa mission de transmettre un Évangile qui « ne change pas » et le fait de se trouver constamment dans des contextes nouveaux. L’Église se voit souvent tiraillée entre un conservatisme qui ne veut rien changer et des adaptations puisant leur contenu plus du contexte que de l’Évangile, ce que nous appelons « syncrétisme ». Dire et vivre l’Evangile dans des contextes différents implique la nécessité constante de discernement, d’adaptation, de réforme, ainsi que la possibilité d’aller dans le mauvais sens. […]