Les jeunes sont un serpent de mer des organisations, Églises ou associations, qui les recherchent et se désolent parfois de leur absence. En dehors de quelques personnalités charismatiques et fédératives, leur implication paraît faible. Pourtant, l’ordre de Saint-Jean arrive à fédérer des équipes régulières autour de projets ciblés. Cette réussite toujours fragile prend sa source dans une réflexion sur les envies des jeunes et l’adaptation de la communication. « Mise à mal en quelques jours par la pandémie, l’organisation repart en mode diesel », souligne Charles, autour de deux actions : les camps et le programme étudiant Fil Rouge.
Ces camps d’été regroupent des personnes en situation de handicap qu’on appelle compagnons, des étudiants, et des parents et enfants venant en famille. C’est un alliage qui permet à chacun de trouver son compte. Les enfants sont d’une aide précieuse par leur spontanéité et leur fraîcheur spirituelle. Les jeunes, eux, participent volontiers, y compris pour quelques week-ends dans l’année, car ce sont des événements ponctuels dans lesquels ils peuvent prendre part à l’organisation. « Ce système n’est pas une activité qui leur est proposée par d’autres personnes. Ils sont acteurs dans un cadre sécurisé, sans engagement de long terme, mais avec une forte responsabilité quand chacun prend soin d’un compagnon en particulier », explique Charles.
Maintenir le réseau
La pandémie a stoppé toute action, par sécurité. Pour Charles, « si les pouvoirs publics ont une approche statistique du risque, nous, nous ne pouvons pas nous permettre qu’une personne handicapée tombe malade.» En revanche, les réseaux sociaux entre jeunes et foyers d’accueil des compagnons ont fonctionné, garantissant un lien fort au cours du temps. Les réseaux sont d’ailleurs la première forme de relation entre ces jeunes, pour prévoir et organiser leurs actions. Des groupes virtuels se créent, qui permettent de partager les émotions, les souvenirs, les projets et de soutenir l’énergie de l’équipe.
Le programme pour étudiant Fil Rouge, propose quant à lui un mentorat pour des étudiants en alternance. Il s’inscrit plus en amont de la réflexion sur la jeunesse, en se centrant sur la force de l’individu. L’accompagnement propose des éléments d’ancrage social, des codes de comportements et de motivation pour que le jeune puisse s’appuyer dessus et progresser dans sa propre voie. L’ordre de Saint-Jean s’est aperçu au fil du temps que certains étudiants se mettaient cependant en situation d’échec. Une réalité dépassée aujourd’hui, par la possibilité qui leur est faite d’aider d’autres personnes, en réponse à l’aide qu’ils reçoivent eux mêmes. Là encore, pour ces jeunes, les nécessités d’être acteur et de trouver du sens à ce qu’ils échangent sont incontournables. Par ces deux exemples, Charles de Noyelle trace le portrait d’une jeunesse dynamique, éloignée des organisations traditionnelles, mobile, réactive et soucieuse des valeurs éthiques plus que de la tradition morale. Une générosité qui se forge dans les réseaux, les émotions partagées et les événements ponctuels… à condition de faire confiance en soutenant la capacité de la jeune génération à devenir actrice.