Le ton est grave. “Il ne peut y avoir d’impunité dans l’Église, quelle que soit la fonction de la personne mise en cause”, a indiqué Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), dans un communiqué publié le 21 octobre. C’est la première fois, note Famille chrétienne, qu’il s’exprimait depuis les révélations concernant Mgr Michel Santier, ancien évêque de Luçon en Vendée (2001-2007) puis de Créteil (2007-2021), sanctionné pour avoir incité deux jeunes hommes à se dénuder durant la confession dans les années 1990. Une absence de communication a suscité colère et incompréhension chez de nombreux fidèles.
D’autant que la veille, le 20 octobre, l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, avait annoncé que “d’autres personnes viennent de se faire connaître pour des faits commis sur elles” par Michel Santier “dans le cadre de son ministère de prêtre, alors qu’elles étaient jeunes adultes”. Ainsi, dans son communiqué, le président de la CEF tente de s’expliquer : “Le sentiment de trahison, la tentation de découragement sont autant d’émotions que je comprends et qui nous traversent, tout comme l’incompréhension et la colère de beaucoup devant les actes eux-mêmes. J’entends et je reçois aussi les critiques formulées autour de l’absence de communication des mesures romaines quand elles ont été édictées.”
“Plus grande transparence”
Nul doute que l’Assemblée plénière de Lourdes, lors de laquelle les évêques de France se réunissent du 3 au 8 novembre, risque de se dérouler dans un climat tendu. “Nous sommes là face à une tension entre les exigences du droit canonique, son usage, ses interprétations qui peuvent varier d’un expert à l’autre, les pratiques de la justice de notre pays, le respect des personnes et l’exigence de transparence que portent beaucoup de fidèles. Nous devons réfléchir à des changements dans nos procédures, dans notre façon de les mener comme d’en communiquer les résultats”, écrit Mgr Éric de Moulins-Beaufort. Et d’assurer que ce “sujet important exige une étude sérieuse”. D’ailleurs, “les évêques commenceront à y travailler dès l’assemblée plénière” de Lourdes, précise-t-il.
L’an passé, en novembre 2021, l’assemblée plénière de Lourdes s’était focalisée sur le vote des résolutions contre la pédocriminalité dans l’Église, après la publication du rapport de la CIASE. À cette époque, rapporte La Croix dans un édito, “les évêques rassemblés à Lourdes promettaient une plus grande transparence dans la gestion des abus. L’occasion leur est donnée de passer à l’acte en brisant la loi du silence et du huis clos.”