La population religieuse chrétienne du Canada est en chute libre. C’est le constat du dernier recensement effectué dans le pays. Quand la population de l’Église chrétienne représentait 77,1% de la population en 2001, elle ne représente plus que 53,3% de la population en 2021, selon les données publiées par Statistiques Canada. Mais cette baisse impressionnante ne se justifie pas par l’augmentation de l’attachement à une autre religion : la proportion de personnes sans appartenance religieuse a grimpé en flèche, passant de 16,5% en 2001 à 34,6% en 2021, indique Le Droit.
Derrière cette désertion, se cachent plusieurs raisons. Il est d’abord important de rappeler que la religion comme obligation est de moins en moins une réalité dans nos sociétés occidentales. Effectivement, les structures sociétales religieuses traditionnelles s’évaporent au profit du choix. “Il faut que les activités de l’église soient attrayantes et crédibles, mais on n’a pas bien réussi sur ce plan-là”, explique Catherine Clifford, professeur de théologie à l’Université Saint-Paul d’Ottawa.
Cette disparition de l’obligation s’explique également par des mouvements démographiques conséquents. En effet, comme dans une majorité de pays développé, les mouvements de population migrant des zones rurales aux zones urbaines sont massifs. “Dans les villages, les églises restent des points de rencontre communautaires. Elles peuvent encore jouer un rôle pas seulement de culte, mais de rencontre. L’église, au fond, ce n’est pas des bâtiments, ce sont des communautés. Peut-être qu’il faut se séparer de certains monuments ou églises tout en maintenant la vitalité de ces petites communautés”, explique Catherine Clifford.
Abus et violences dans l’Église
Mais ce désintérêt est en grande partie justifié par les affaires qui secouent l’Église catholique. Que ce soit en France avec l’actuelle affaire de Michel Santier, aux États-Unis ou au Canada, les affaires d’abus sexuels commis contre des fidèles sont légion. Ces affaires ont, de plus, que peu de répercussions pour les prêtres incriminés, induisant aux croyants un sentiment d’impunité accordé aux représentants de l’institution. “C’est un problème structurel qui émerge de pays en pays. Ça mine la crédibilité du pastorat et des responsables d’église. Les évêques ont mal géré les abus sexuels et n’ont pas priorisé les victimes”, explique la professeure au journal canadien.
Mais à ces scandales s’ajoute une particularité canadienne. En effet, l’Église catholique a aussi été terni par des affaires terribles concernant les autochtones, rappelle encore Le Droit. De nombreux pensionnats catholiques ont été responsables de mauvais traitements d’autochtone.
Enfin, une critique fondamentale de l’Église canadienne réside dans son retard vis-à-vis de sujets sociétaux primordiaux tel que le mariage pour tous et l’acceptation des communautés LGBTQ+. “[Pour les jeunes], les hommes d’Église sont des hypocrites. On n’a pas été accueillant pour la communauté LGBTQ+. […] On n’a pas réussi à intégrer et à retenir les jeunes générations. On peut se demander si on a vraiment bien accompagné les jeunes dans la formation chrétienne. L’Église catholique traverse une grande crise de crédibilité. Elle a mal géré sa réponse à la question des écoles résidentielles par exemple et avec la réconciliation avec les peuples autochtones. L’Église catholique sur le plan mondial traverse aussi une grande crise d’abus sexuel”, explique encore Catherine Clifford.