9h30, un jeudi matin deux fois par mois. Les 59 marches qui mènent au 2e étage de l’immeuble classé de la rue de Trévise sont bien dures à monter. Malgré tout, les quatre à huit rédactrices bénévoles qui composent l’équipe – le nombre varie selon les aléas de chacune –, plus « le chef », le pasteur Frédéric Genty, et la secrétaire de rédaction, se retrouvent avec plaisir devant un café bien venu et souvent quelques viennoiseries apportées par l’une ou l’autre. Une rédactrice nouvellement arrivée raconte : « Pourquoi ne pas faire un essai » me suis-je dit, en quittant mes fonctions de présidente du CP au sein de ma paroisse locale. Mon pasteur d’alors, qui a toujours su discerner à la fois les goûts et les aptitudes de chacun, m’a dit un jour, alors que je me sentais désœuvrée par rapport à la vie paroissiale : « Va voir ce qui se passe au comité de rédaction de PP, comment ça fonctionne, si les participants te plaisent et surtout si l’activité te parait intéressante », et c’est ainsi que j’y suis rentrée, et ne regrette pas le moins du monde ce pas franchi !
Le comité de rédaction peut accueillir de nouvelles personnes, les sujets sont nombreux, variés, parfois difficiles mais toujours intéressants. Ils permettent de découvrir, via contacts et interviews, des personnalités inattendues, des sujets jamais abordés dans « sa » propre paroisse, une connaissance qu’il est justement possible parfois de transposer « chez soi » !
Prendre de l’avance !
La réunion-type est destinée à mettre au point le contenu du journal du numéro suivant, près de deux mois après. Ainsi, en plein été, on planche sur le numéro d’octobre ! Et que se passe-t-il en octobre dans les paroisses de la région parisienne ? Beaucoup de réunions ou cultes dits « de rentrée », souvent un culte de la Réformation, une rentrée à la Faculté de théologie de Paris, des projets démarrent, des nouveaux pasteurs arrivent, des paroisses deviennent sans pasteur… Bref, un certain nombre de sujets à organiser dans le chemin de fer du numéro. Ensuite, « qui prend quoi ? » Sur quel sujet pourrai-je trouver du plaisir à enquêter ? Qui contacter pour trouver matière à rédiger une belle histoire ? Surtout, il s’agit « d’écrire pour être lu », et il faut garder cette devise constamment à l’esprit. Frédéric la répète inlassablement aux nouvelles recrues ! Point de savantes dissertations, ni d’exposé à caractère scientifique, il faut d’emblée poser le sujet, rappeler l’angle choisi tout au long de l’article.
Des discussions animées et fertiles
Paroles protestantes est un journal d’information. Le dossier central permet de fournir au lecteur une connaissance approfondie d’un sujet touchant au protestantisme : histoire, tradition, débats, pratiques propres à une région ou un pays. Les sujets sont choisis pour l’année avec les autres journaux régionaux. Les différents auteurs envoient leurs textes et le travail du comité est de rendre l’ensemble cohérent. Ce travail sera repris dans les cinq revues partageant le contenu rédactionnel. Des discussions animées et fertiles, parfois très critiques, mais le consensus se fait dans le respect des réactions de chacun. Un travail enrichissant, des réunions sympathiques, il ne reste plus ensuite qu’à envoyer sa copie avant la date limite, généralement une dizaine de jours. Ensuite, soit c’est exactement ce qui est attendu, soit le rédacteur en chef prend son téléphone, aussitôt l’article lu, et donne son commentaire, toujours justifiée, sur tel angle pas tout à fait explicite, tel passage inutile ou au contraire à développer davantage. Il ne reste plus qu’à reprendre son stylo, ou son clavier, en ayant un peu progressé dans le métier de journaliste.