La signature le 16 mars 1973 de la Concorde de Leuenberg (Suisse) est la charte fondamentale qui établit et réalise l’unité de l’Église entre les traditions de la Réforme en Europe. Elle est le résultat de discussions entamées dès 1960 entre pasteurs et responsables d’Églises luthériennes et réformées en Europe. Il est reconnu que les différences doctrinales du XVIe siècle portant sur la sainte cène entre luthéranisme et calvinisme ont perdu de leur actualité et ne justifient plus la séparation de ces Églises. La Concorde précisait que les Églises ont le droit d’être différentes parce qu’elles font appel à une compréhension commune de l’Évangile. Cela semble simple mais a de lourdes conséquences : depuis lors, un ministre luthérien peut prêcher depuis une chaire réformée ou un ministre français diriger une congrégation en Allemagne.
Ainsi cet accord historique a rendu possible la création de l’Église protestante unie de France avec l’unification de l’Église réformée de France et de l’Église évangélique luthérienne de France. Le premier synode national a eu lieu en mai 2013 à Lyon. Dans un premier temps, la Concorde de Leuenberg a reçu en France un accueil mitigé, particulièrement de l’Église réformée de France. Les quatre Églises luthériennes et réformées de France l’ont ratifiée, mais sans lui donner une importance majeure dans un premier temps.
Elle a toutefois contribué au développement de la collaboration entre ces Églises, au sein du Conseil permanent luthéro-réformé dans les domaines de la formation permanente des ministres, de la catéchèse, de l’œcuménisme, du travail théologique. Mais, devant les limites de cette collaboration, les recherches de recompositions unitaires du protestantisme français ont repris en tenant compte des acquis de Leuenberg : avec l’Union des Églises protestantes d’Alsace et Lorraine (2003), projet d’Église unie entre ÉÉLF et ÉRF (2007). La démarche « vers une Église unie » a été d’abord une démarche de recon- naissance : à partir de cet accord fondamental sur la prédication de l’Évangile et l’administration des sacre- ments reconnu à la fois sur le principe (Leuenberg) et par la pratique (plein accueil mutuel dans chaque Église, échange de pasteurs…). En France cette démarche d’approfondissement de la communion a été menée, sur les plans théologique et ecclésiologique. Elle n’est pas passée par le préalable d’une déclaration de foi commune (écrite en 2017) après la constitution de l’ÉPUdF (2013), mais par la volonté des synodes nationaux d’exprimer une communion pleine et entière entre luthériens et réformés en France.
(1) André Birmelé est professeur honoraire de théologie systématique à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg et auteur du livre La Concorde de Leuenberg 1973-2023, coédition du Cerf et Olivétan, janvier 2023, 25 €, 247 p. Marcel Manoël est pasteur retraité de l’ÉPUdF et ancien président du Conseil national de l’Église réformée de France.
La Communion d’Églises protestantes en Europe (CÉPE)
Cette institution est la plus importante organisation d’Églises protestantes en Europe, rassemblant 4 églises luthériennes, méthodistes, réformées et unies. La CÉPE représente au total environ 50 millions de protestants, issus de plus de trente pays d’Europe et d’Amérique du Sud. La CÉPE existe grâce à l’accord de Leuenberg de 173. Tous les six ans environ, une assemblée générale décide des grandes lignes de son travail. Entre les assemblées générales, le Conseil de 13 membres, dirigé par un présidium de trois membres, dirige les travaux, qui sont coordonnés par le bureau de Vienne.