Les paroissiens de l’Église protestante unie du Raincy et des environs ont la chance de se réunir dans un temple qui possède un véritable orgue à tuyaux, un orgue Merklin de qualité, âgé de 119 ans. C’est un orgue qui a une belle sonorité et une très belle qualité de tuyauterie et qui offre neuf jeux répartis en deux claviers manuels et un pédalier. Il s’agit d’un orgue à traction pneumatique, témoignage d’une époque, conservé et entretenu scrupuleusement. Ce système de transmission fut admiré en son temps pour ses réelles qualités novatrices, car il facilitait le jeu de l’organiste, mais, parfois instable, il nécessite un réglage très précis. Un orgue n’est pas qu’une mécanique : c’est un organisme vivant. Avec du bois, du métal, une soufflerie, du cuir, il est sensible à la température et à l’hygrométrie et en plus doté d’une forte personnalité car chaque orgue est un modèle unique.
Au cœur de la vie d’Église
Durant toutes ces années l’orgue, fidèlement, a tenu sa partie au cours des cultes, dans ce mouvement spirituel en trio (assemblée, pasteur, orgue). Soit dans son rôle le plus évident, il joue le « chien de berger » qui entraîne, canalise et soutient le chant de l’assemblée. Aucun autre instrument ne peut rivaliser avec cet instrument à vent pour porter de son souffle le chant de l’assemblée. Soit dans son rôle liturgique, il permet de prolonger intérieurement la prédication, de l’assimiler, de l’intégrer, ou de donner à l’assemblée des temps de méditation et de prière silencieuse. Mais aussi dans les moments tout aussi importants où il joue en soliste, non pas pour « faire joli » mais pour offrir la possibilité de franchir des portes.
Ainsi, pendant le jeu d’entrée, il facilite le passage de l’agitation au calme, du bruit au silence, des mots qui remplissent à l’écoute attentive, de l’espace profane au monde spirituel. Mais aussi dans un mouvement inverse, lors du jeu de sortie, trop souvent noyé dans le brouhaha, il invite à un moment de calme et d’immobilité avant de reprendre la route et il porte sans brutalité, paisiblement et harmonieusement, d’une rive à l’autre.
Des travaux nécessaires
Mais l’âge venant, malgré un entretien régulier et des réparations ponctuelles, l’orgue, a montré de plus en plus de signes de fatigue : notes traîtreusement muettes, cornements intempestifs, sifflements… Une réparation de fond plus importante, repoussée longtemps, était devenue inévitable : démontage et remise en peaux des 504 soufflets (un sous chaque tuyau), 112 commandes de notes, de 56 relais pneumatiques sous le plancher. Elle a donc été confiée aux mains expertes d’un organier qui a entrepris, au mois d’août, les travaux nécessaires pour lui redonner ses qualités originelles. Si la voix de l’orgue du Raincy s’étouffait par manque de soins, toute la communauté serait amputée sur les plans cultuel et culturel.
Comment imaginer un culte où l’orgue devenu muet n’apporterait plus son souffle ? Mais aussi, parmi les concerts très variés qui contribuent à la visibilité de l’Église, la programmation de concerts d’orgue manque cruellement. L’instrument, trop peu fiable actuellement, ne le permet pas. Dans la banlieue du nord-est parisien, le temple du Raincy est devenu depuis plusieurs années un lieu de concerts apprécié, grâce à sa belle architecture de dimensions plaisantes, à la beauté chaleureuse de ses boiseries et de ses vitraux, et à son excellente acoustique qui attire des musiciens pour des enregistrements.
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