Pourquoi l’aumônerie hospitalière ?

Je suis actuellement en stage pratique à la paroisse d’Aubervilliers auprès du pasteur Bertrand de Cazenove.

Au cours de mes études et de mon expérience paroissiale, il m’est apparu qu’un des domaines majeurs du ministère de pasteur est l’accompagnement pastoral des personnes, dans l’écoute individuelle de leurs interrogations sur le sens de leur vie, ainsi que, parfois, leurs difficultés.

J’ai donc demandé d’exercer ce travail d’écoute et d’accompagnement à l’hôpital, l’un des lieux où la personne en souffrance se confronte le plus à ses questions sur la vie, face à la maladie.

Comment se déroule votre stage ? Que vous a communiqué votre tutrice ?

Isabelle Meykuchel, pasteure aumônier sur le GHU Paris-Nord Université (Bichat, Beaujon, Bretonneau, Louis Mourier), m’a très gentiment accueilli et conseillé dans la découverte de cet accompagnement du malade. Isabelle a organisé mon intervention autour de la rencontre des malades de deux services de l’hôpital Bichat, trois mercredis après-midi par mois.

C’est une approche typiquement multiduniste qui permet des rencontres surprenantes et vivifiantes, bien différentes d’une « visite pastorale » classique, ou de la « desserte d’aumônerie » où le pasteur vient ponctuellement à la demande expresse de l’établissement pour des urgences vitales. Nous avons systématiquement un temps d’échange avec Isabelle, à la fois sur les malades que je visite seul, ainsi que sur le métier d’aumônier ou de pasteur.

Dans nos partages, Isabelle a approfondi deux éléments majeurs de cette fonction :

– le désir de se laisser surprendre par l’autre, dont la parole évoque sa propre situation. Ce désir permet l’ouverture à cet autre rencontré ;

– l’acceptation du kairos, instant essentiel et mis à part que l’on découvre parfois dans certaines visites, où la présence de Dieu permet à la Parole de se dire dans le mystère du moment. Cette situation se présente aussi auprès de patients agnostiques ou croyants d’autres religions, et non pas uniquement auprès de protestants.

En tant que professionnelle expérimentée, Isabelle m’a permis de découvrir ce ministère méconnu et d’apprendre à l’exercer très modestement dans le registre des visites, qui n’en est qu’un de ses aspects compte tenu de la diversité des tâches pour lesquelles l’hôpital requiert l’expertise de l’aumônier, comme par exemple l’implication dans divers groupes de travail (comité d’éthique, relations avec les usagers, conférences lors de colloques, cours sur le fait religieux auprès des IFSI ou auprès du personnel soignant, etc.).

Qu’est-ce qui a pu vous surprendre ?

Ce stage en aumônerie m’a permis de vérifier que dans ces lieux où l’être humain est démuni face à la maladie, peut se jouer une vraie rencontre existentielle, dans laquelle l’aumônier peut faire advenir la Parole qui donne la paix et apporte la consolation.

Ces instants de mystère, où la présence de Dieu se révèle dans l’échange avec le malade, demeurent une grâce pure, desquels l’accompagnant que je suis sort toujours émerveillé, malgré la difficulté de la situation et le dénuement du patient.

J’ai appris que les malades, quels que soient leurs religions ou pas, leur âge, leur genre, leur situation sociale, etc., sont tous extrêmement reconnaissants de ces visites qui leur apportent un réconfort.

C’est finalement ce qui m’a le plus surpris : un sourire et un échange de paroles en vraie humanité sur la réalité de la maladie sont comme une « médication » indicible qui suscite une reconnaissance mutuelle.