La vie d’une communauté religieuse s’établit sur le rythme fondamental de la prière liturgique. Elle rassemble les sœurs au long des jours et des temps liturgiques. La vie d’une communauté se façonne dans l’espace : celui du rassemblement inscrit dans celui de l’univers ; elle se façonne dans une temporalité, celle du jour et de la nuit, celle de l’Église et du monde. Ainsi, comme un caillou jeté dans l’eau produit des ondes qui se propagent jusqu’aux rives les plus lointaines, ainsi en est-il de la prière communautaire : d’un espace et d’un temps circonscrits, elle se déploie dans le temps et l’espace universel.
Dans les premières années de son installation à Versailles, la nécessité d’avoir une chapelle suffisamment grande pour accueillir les personnes venant se joindre à sa prière s’est fait sentir. Une tente suffisamment vaste et aménagée a été posée au fond du parc. Cet espace créé pour la prière vibrait aux bruits de la nature et de la ville, animé par les jeux d’ombre et de lumière au gré des saisons. Un tel espace ne peut que façonner en profondeur l’être priant. Il touche les sens, il façonne le climat de la prière, il lui donne « sa forme ».
Après 25 années « sous tente », il est devenu impératif de construire « en dur ». Marc Rolinet, architecte, dont nous connaissions la créativité a été sollicité. Une consultation a été organisée auprès de la Communauté avec la question : « Qu’attendez-vous d’une chapelle ? » Outre les aspects techniques, les besoins d’accueil, chacune des sœurs a exprimé son ressenti : ce lieu doit laisser passer la lumière, être aussi un abri, un lieu qui vive au rythme des saisons, un lieu qui favorise le recueillement et l’intériorité, ouvert à l’environnement, un lieu qui s’inscrive dans le parc de la propriété. Chaque sœur a exprimé son expérience spirituelle, façonnée par la longue expérience sous la tente. La symbiose entre la vie de prière personnelle et l’espace dans lequel elle s’exprime est devenue l’axe structurant conduisant la recherche architecturale de M. Rolinet. Ainsi est née la pensée d’une coque en bois. Faite de tasseaux cintrés et croisés, la coque de la chapelle, à proprement parler, reprend la très ancienne technique du bois cintré à la vapeur. Les tasseaux croisés filtrent la lumière et les rayons du soleil, créant une animation toujours renouvelée au gré des heures et des saisons.
M. Rolinet s’est longuement inspiré de l’espace, cherchant à inscrire ce nouveau bâtiment dans une intégration parfaite dans l’ensemble du paysage. Il a imaginé une structure en béton et verre qui s’enfonce dans la colline, respectant ainsi les lignes du paysage. Elle recouvre la coque en bois, elle offre un parvis et un lieu de déambulation autour de la coque, véritable petit cloître abrité.
Il a fallu l’audace de la foi pour oser entreprendre une telle œuvre. Aujourd’hui, la chapelle offre à la Communauté son espace quotidien pour la prière commune. Elle s’ouvre à des expériences singulières allant de la création de concerts à un rassemblement de quelque 140 scouts, éclaireurs et éclaireuses venant recevoir la lumière de la Paix de Bethléem…
Ainsi ce lieu, animé par la prière, devient un lieu source pour beaucoup.
Par Sœur Mireille, communauté des Diaconesses