Le synode national de Sète (2021) rappelait que l’Église témoigne « du pardon de Dieu, qui nous libère de la culpabilité, de la peur de l’avenir, de l’angoisse de la fin d’un monde et nous permet l’espérance. Elle reçoit un appel à une conversion personnelle, ecclésiale et sociétale au service de la Création ». À la paroisse de Pentemont-Luxembourg, l’équipe Église verte se place dans cette dynamique pour vivre et penser l’écologie, pour unifier nos vies en Dieu. « Dans nos célébrations comme dans notre mode de vie pratique, nous voulons inciter et aider les paroissiens et paroissiennes à modifier leur mode de vie. Nous voulons être une voix d’espérance. Nous nous réjouissons du fait que l’écologie est un lieu de rencontre entre Églises et avec des non-chrétiens. »

Zéro coin de verdure dans cette paroisse au cœur de Paris. Mais des améliorations à apporter aux bâtiments, de petits changements à introduire dans les habitudes quotidiennes, en Église, au travail, à la maison. C’est long, c’est laborieux de prendre ses responsabilités pour unifier chair et esprit, ce que nous voulons faire et ce que nous faisons ou pas.

Quelle est notre voix dans le concert écologique ?

L’ équipe Église verte veut creuser cette question à travers un cycle de conférences. La prise de conscience des Églises a été tardive et les précurseurs protestants n’ont peut-être pas été entendus. Nous pouvons néanmoins nous inspirer d’eux. L’analyse de la pensée de grandes figures comme Jürgen Moltmann ou Jacques Ellul a ainsi été confiée à Frédéric Rognon, théologien protestant de l’université de Strasbourg, pour servir d’appui à la réflexion.

L’écologie rapproche les Églises, à l’image de l’Église verte, créée il y a cinq ans. Une table ronde œcuménique fera donc dialoguer les différentes réponses chrétiennes à la crise écologique. Enfin, Stéphane Lavignotte, auteur de Écologie, champ de bataille théologique, proposera son éclairage d’une approche chrétienne active.

Refus d’altérité ?

« Il serait vain de rester sourd au rappel à la finitude que nous adresse la nature », écrit le Conseil d’Églises chrétiennes en France, qui regroupe orthodoxes, catholiques et protestants dans son adresse au chef de l’État à propos de la Cop27. Le fondement du problème humain face à la Création réside dans la toute-puissance, le refus de l’altérité. Or ce thème omniprésent dans la Bible ne se traite que par l’action directe de Dieu dans le monde ou le retour sur soi-même, c’est-à- dire la conversion du cœur des individus ou du peuple hébreu.

Se convertir à l’autre par amour n’est pas de l’ordre de l’utopie, mais bien une nécessité si l’on veut que l’être humain soit en accord avec ce qui l’environne et pleinement respectueux de son cadre de vie. La conversion est ici porteuse de reconnaissance et de joie. Dans le règne de la gratuité, nous sommes libérés par rapport à la perfection et la culpabilité. La conversion peut faire advenir des idées nouvelles, reprendre des notions comme la sobriété sans y voir de frustration mais au contraire une chance de nouveaux épanouissements. Si l’angoisse paralyse davantage qu’elle ne met en mouvement, la conversion, elle, peut ouvrir de nouveaux horizons positifs et replacer l’écologie au cœur de la démarche humaine, au centre de la spiritualité.