Encore un temple qui s’abîme et nécessite des travaux ? Combien cela va-t-il coûter ? Il est facile d’imaginer les pensées de spectateurs qui verraient s’étioler le poids du protestantisme en France. Mais Jouy n’est pas u n temple comme les autres et le projet n’est pas issu de sa réfection.

Projet historique

Ré-Jouy-Toit, c’est d’abord le fruit d’un travail paroissial. Car entre- tenir les pierres ne se fait que si ces pierres sont utiles. Certes, le lieu est beau – il est même classé. Construit par des descendants de Christophe-Philippe Oberkampf, fondateur de la manufacture des Toiles de Jouy, ce solide bâtiment de 1865 témoigne d’une page importante de l’histoire de la ville de Jouy-en-Josas. Mais l’histoire ne suffit pas ; si la communauté protestante qui y vit est installée en paroisse depuis 1906, c’est parce qu’avant cette date ce temple marquait un point de rassemblement, d’évangélisation dans un territoire nouvellement habité. Jouy se développait avec l’industrialisation.

Suivre la démographie

La paroisse actuelle comporte plusieurs lieux de culte, à Vélizy ou Viroflay. Alors pourquoi s’attacher spécialement à Jouy, alors qu’au bout de 158 ans la toiture s’est dégradée et que l’ensemble n’est plus aux normes ? C’est que la réalité géographique évolue, comme évoluait celle de la fin du XIXe siècle avec l’industrie. Les débats à l’occasion de l’élaboration du projet de vie de l’Église locale ont bien cerné l’avenir : s’ouvrir aux nouvelles perspectives en reprenant les motivations des aïeux bâtisseurs de Jouy : accueillir la mutation du plateau de Saclay et ses multiples centres de formation en pleine expansion. Entre écoles supérieures et recherche, le lieu est idéal pour l’accueil et le témoignage.

Être présent autrement

Ainsi Ré-Jouy-Toit verra la création d’un espace de vie pour quatre jeunes en colocation avec une dimension interculturelle, voire interreligieuse pour ces nouveaux habitants du temple. L’appartement créé sera proposé en priorité aux étudiants et jeunes professionnels des centres de recherche agronomique ou des écoles du plateau, comme HEC.

Répondre à l’importante demande de logements de la manière la plus éthique possible est un témoignage. Cela crée aussi des conditions d’ouverture et d’échange avec une population souvent étrangère au protestantisme, alors même que l’histoire de la ville en est riche. Dans la même veine, sera relancée la présence culturelle – expositions, concerts et conférences. Considérer un temple centenaire comme une interface de dialogue avec le monde permet de s’enrichir mutuellement, que l’on soit habitant ou paroissien.

Des moyens et de l’huile de coude

Pour mettre en place ce projet adapté à la nouvelle donne géographique, plutôt que de créer un temple, il est possible d’engager des aménagements dans ce lieu historique et central. Par des travaux conséquents (on parle d’un budget de 400 000 €, financé en majorité par les fonds propres de l’Église, mais aussi par des dons et des subventions), les combles seront viabilisés, les vitraux doublés pour l’isolation, les tommettes d’époque débarrassées de linos jaunis et huit lucarnes donneront au tout espace et lumière.

La toiture ? Les solides ardoises ont récolté la mousse. Alors la paroisse s’est mise en ordre de témoignage, pour gratter les 5 000 carrés bleu gris et investir dans des brosses et de l’huile de coude. C’est actuellement le lieu où il faut être pour parler théologie au grand air, commenter les prédications et chanter des cantiques. Démoussage conjoint des ardoises et des âmes… ouvert à tous. Contact : rejouytoit@gmail.com

Par Paroles protestantes, d’après un appel à solidarité de la paroisse