L’essentiel des ressources de ce numéro porte, au fond, sur la manière d’être Église dans le contexte d’un monde qui a changé : la France sécularisée du 21e siècle. Une France bien bousculée ces dernières semaines. Mais, au-delà du contexte politique immédiat, si nous prenons un peu de recul, l’année écoulée aura été marquée par deux réformes sociétales qui consomment symboliquement la fin d’une époque : la loi sur la constitutionalisation de l’IVG et le projet de loi sur la fin de vie. Deux projets qui marquent, selon un certain nombre d’observateurs, l’entrée de plain-pied dans une société désormais postchrétienne. La philosophe catholique Chantal Delsol le dit ainsi sur la quatrième de couverture de son dernier ouvrage « La fin de la chrétienté(2) » (un livre à lire absolument !) :

« Seize siècles de Chrétienté s’achèvent. Le temps présent connaît une inversion normative et philosophique qui nous engage dans une ère nouvelle.

La transition est brutale. Elle est difficile à accepter pour les défenseurs de l’âge qui s’efface.

De même que le vieillard tend à colorer le monde de sa propre décrépitude et à le voir décadent, de même il est des chrétiens qui, aujourd’hui, se plaisent à contempler le déclin du monde dans leur propre déclin.

Nous assistons en fait à une métamorphose. Le temps païen qui s’ouvre restaure les anciennes sagesses en même temps que les anciennes sauvageries. Le grand Pan est de retour.

L’ère chrétienne qui s’achève avait vécu sur le mode de la domination. Le christianisme doit inventer un autre mode d’existence. Celui du simple témoin. De l’agent secret de Dieu. »

Si ce changement de civilisation peut inquiéter, il nous déplace de fait en tant qu’Église, c’est bien dans ce contexte-là que Dieu nous appelle à être témoin de son Évangile. La bonne nouvelle, c’est que c’est dans ce contexte-là, il y a 2.000 ans que le christianisme s’est répandu comme une traînée de poudre. C’est dans ce contexte-là que le monde a été gagné à […]