Le cardinal Walter Kasper, ancien «ministre de l’Œcuménisme» du Vatican, se souvient que jusqu’à l’époque de sa jeunesse, Martin Luther était assimilé au diable dans les milieux catholiques. Et Wolfgang Thönissen, expert catholique de l’œcuménisme, admet que «dans les cercles catholiques sans expérience œcuménique, c’est encore le cas aujourd’hui». Ce professeur de théologie œcuménique, spécialiste de Luther, parle cependant de grandes avancées dans le dialogue entre catholiques et luthériens, lesquelles auraient mené chaque confession à se faire de l’autre une image plus réaliste.
Parmi les signes de ces progrès, on peut compter un congrès sur Luther et les sacrements organisé par Wolfgang Thönissen à l’Université papale grégorienne, en sa qualité de directeur de l’Institut Johann Adam Möhler pour l’œcuménisme de Paderborn. Au cours du colloque qui a eu lieu fin février au sein de ce haut lieu romain de l’enseignement supérieur jésuite, le cardinal Kurt Koch, successeur de Walter Kasper à la tête du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a évoqué les évolutions de la compréhension mutuelle entre protestants et catholiques. Celle-ci provient selon lui du dialogue officiel entamé depuis le deuxième concile du Vatican, il y a 50 ans environ.
Les deux côtés s’accordent aujourd’hui à dire que Luther n’aspirait nullement à un schisme au sein de l’Eglise et à la fondation d’une Eglise nouvelle. Il aurait de loin préféré réformer […]