Dans l’atelier de Virginie Faux, au rez-de-chaussée du presbytère de Breuschwickersheim, un costume historique féminin richement brodé fait face à deux robes noires parées de rabats blancs. Col marin et rubans de galon noirs au bas de la jupe pour l’une, jupon évasé en corolle pour l’autre. Deux coupes différentes mais toutes deux cintrées, féminines. Deux créations proposées sur le catalogue du site F. Pastoral.

Robes, rabats, chapes brodées d’une croix huguenote… Depuis un an, Virginie Faux met ses talents et connaissances de costumière au service de la création de vêtements pastoraux. Une aventure qui a commencé en marge de la crise sanitaire. Pendant le premier confinement, alors que les personnels soignants manquent de tout, elle s’attelle à transformer des nappes en plastique en surblouses. « Je faisais ça toute la journée. Alors pour me détendre, à côté, j’ai fait quelques essais de rabats artistiques », se souvient-elle.

Investir l’habit et la fonction

Lorsqu’elle publie ces créations sur les réseaux sociaux, elle reçoit des messages lui demandant si elle crée aussi des robes. C’est le début des commandes. « On s’est aperçus que beaucoup de jeunes pasteures n’étaient pas emballées à l’idée de porter la robe traditionnelle qui est très encombrante », explique Virginie Faux. « La robe pastorale est une robe universitaire qui fait référence à l’histoire du ministère de pasteur, à son rôle de théologien, précise Philippe François, pasteur à Breuschwickersheim. C’est un vêtement imposant, qui engendre une certaine distance avec les paroissiens. Il renvoie une image qui, je pense, n’est plus d’actualité. »

S’ajoute à cela un aspect esthétique. La robe pastorale ou universitaire ayant été conçue pour des hommes, elle ne met pas les femmes en valeur. Ces dernières sont largement majoritaires dans la clientèle de F. Pastoral. « Commander une robe personnalisée, c’est une manière pour elles de s’approprier l’habit et la fonction», détaille Virginie Faux. La marque compte aussi dans sa clientèle des hommes peu à l’aise avec la toge universitaire. « Ils souhaitent en général un habit moins ample, et des manches plus étroites », explique la costumière qui puise une partie de son inspiration dans la culture manga et jeux vidéo. Une fois le modèle convenu avec son futur propriétaire, les travaux d’aiguille peuvent commencer. Compter trente à plus de cinquante heures d’ouvrage.