« C’est finalement une œuvre collective, à la fois créée par celui qui jette les objets au rebut et par l’artiste qui les transforme ». Ambroise Monod définit ainsi ses sculptures dont l’Institut de théologie protestante de Paris (ITP) offre une rétrospective du 16 octobre au 8 novembre. Une fois découpés et soudés par son imagination et son art, morceaux de carrosserie, boites de conserve, fils de fer et autres morceaux de ferraille deviennent très souvent un oiseau, parfois un masque ou encore un personnage.
Artiste passionné par l’acier, mais aussi pasteur et théologien, Ambroise Monod est le fondateur de Récup’art, un mouvement artistique lancé à la fin des années 1960. Il était aumônier protestant à l’université de Strasbourg à cette époque contestatrice de la société de consommation. Mais c’est surtout à son enfance à Dakar où son père dirigeait l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) qu’il dit devoir son idée: « Pour la majorité des Africains démunis, cela avait du sens de ne pas gaspiller et de bricoler, de transformer un objet jeté », explique-t-il.
Notion que l’on retrouve dans le manifeste du Récup’art qu’il publie en 1969: « user des débris laissés par la société d’abondance, c’est porter un regard d’humour sur le progrès technique en donnant à la chose éphémère une chance de disparaître moins vite et de durer comme objet ». Un texte quasi prophétique un quart de siècle avant l’ère actuelle de la durabilité et du recyclage alors qu’à l’époque d’autres artistes — Picasso ou César, par exemple – avaient déjà utilisé des débris pour leurs œuvres, mais sans cet objectif.
Toujours « inspiré », Ambroise Monod dépose la marque Récup’art à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) en 1976. « Pour empêcher qu’un organisme ou une entreprise ne se l’approprie ». Lui la partage avec d’autres, notamment en animant des ateliers de création dans l’espace public comme il le fera les dimanches 18 et 25 octobre à l’ITP. […]