Eva chemine avec l’idée de devenir pasteur depuis 2009. Arrivée en France il y a 5 ans, originaire de Dortmund, Eva Patzelt (28 ans) a fait des études de Sciences Politiques et une licence de théologie. Elle est en seconde année de Mastère professionnel en théologie protestante (délivré par l’IPT) et effectue son stage auprès du pasteur Serge Wüthrich de la paroisse de l’EPU du Raincy. La paroisse devient lieu d’apprentissage, une paroisse différente de celle du stagiaire – Eva est luthérienne –, ce qui permet de se confronter à ce qu’est le ministère dans sa diversité.

La première immersion dans une paroisse à côté d’un pasteur et non plus parmi les fidèles est un véritable travail de « terrain ». Serge Wüthrich souligne qu’en théorie, le stage comprend trois temps : observation, faire avec et faire seul. Mais il ajoute que rien ne peut être codifié, chacun est tributaire de la vie de la paroisse. Dans un premier temps, Eva regarde, même si elle a un sérieux bagage : elle a fait des stages et a un engagement important dans sa paroisse. Être à côté du pasteur change le regard. Eva s’apprête à participer à l’école biblique, au Kt, faire des visites, présider un culte : elle doit voir tous les secteurs d’activités. Il est nécessaire de parler, discuter avec les paroissiens, c’est un métier : la vie spirituelle ne s’apprend pas dans un livre, il y a quelque chose à découvrir sur le vivant qui nous fait grandir. Les debriefing sont utiles et précieux ajoute Eva.

Échanges

En dehors de son « accompagnateur de stage », Eva retrouve une semaine par mois les autres stagiaires à la faculté de Montpellier pour des séminaires et cours qui leur permettent d’échanger sur leurs pratiques à la lumière de la Parole. Ils ont lieu sous la direction de Claude Levain, professeur de théologie pratique et directeur du Mastère pro. Chaque séminaire a son thème : homélitique, actes pastoraux, catéchétique… Dix en tout. Lors de chaque session, un(e) stagiaire fait un culte, qui sera ensuite analysé et discuté. La faculté de théologie est un lieu en lien avec la réalité, insiste Claude Levain.

Dès le début de l’année est établie une fiche d’objectifs : théologiques d’abord, c’est-à-dire d’interprétation des situations, ensuite des objectifs professionnels, concernant le savoir-faire, et enfin personnels, c’est-à-dire sur le développement des capacités de relation. Pour les stagiaires, il est important de se retrouver, car leurs situations sont très différentes. Pasteur(e) en milieu urbain, ou rural, disséminé, paroisse sur un, deux, trois ou plus rarement quatre lieux de culte, les échanges enrichissent chacun. Les expériences sont multiples. Il s’agit de puiser dans la réalité le matériau que l’on va travailler et ainsi est préservé le lien entre réalité ecclésiale et faculté de théologie.

Suivi

Depuis la réforme du Mastère pro, les stagiaires ont rendu leur mémoire à la fin de la première année. Encadrés à la faculté, les stagiaires sont aussi suivis par la Commission des ministères (CDM), qui prononce l’admission des ministres de l’EPUdF. Ceux-ci rencontrent à plusieurs reprises la CDM. C’est elle qui autorise le(a) stagiaire à faire le stage en paroisse et le reverra au cours du stage. Le président, le pasteur Christian Baccuet reçoit les stagiaires chaque fois qu’ils le souhaitent, insiste t-il. La CDM « discerne », s’assure de l’aptitude du candidat à exercer le ministère. La commission des ministères suit les « proposants » pendant deux ans sur leur premier poste, après leur stage en paroisse. Il s’agit d’apprendre, à réfléchir sur soi-même et être disponible aux autres… être témoin de Jésus-Christ, être théologien et être au service de l’Église. En fait, apprendre le métier de pasteur.