La centralité de la parole dans le culte : de la proclamation à la circularité de la parole avec une disposition circulaire, préconisée par les réformateurs. Elle signifie d’abord, par la présence de la chaire en hauteur, la proclamation de la parole de Dieu à travers les Écritures. Cette proclamation nourrit individuellement et ouvre sur les autres, d’où la disposition en cercle qui permet de se voir et d’échanger. La croix est dans le cercle, à côté de la chaire, nous rappelant que la proclamation de la Bonne Nouvelle de Dieu est Jésus-Christ, sa parole elle-même. La proclamation de la Parole en signe, c’est pourquoi au centre du cercle, la table de communion sur laquelle est posée la Bible et le partage du pain et du vin qui nous redisent sans cesse l’amour inconditionnel de Dieu, manifesté en Jésus-Christ.

La table est au centre, comme la roue dont les multiples rayons convergent vers le moyeu, d’où l’éclairage sur la table elle-même. Les deux couleurs : le bleu de la promesse et le rouge de la vie. Le bleu encadrant les fenêtres élance notre regard vers le ciel, comme Abraham, scrutant le ciel, y compte les étoiles, ayant reçu de Dieu la promesse d’une descendance, lui ouvrant un avenir et une espérance. Jésus dira que les héritiers d’Abraham sont ceux qui, comme Abraham, mettent leur confiance en Dieu et choisissent de naître et de renaître à l’espérance. En Jésus-Christ, crucifié et désormais vivant, Dieu nous ouvre un avenir et fonde notre espérance. Le rouge se lit non seulement sur les vitraux mais plus essentiellement sur un axe qui va du bas de la chaire à la sortie du temple. Le rouge qui rappelle le sang et dans la Bible le sang est le signe de la vie. En Jésus-Christ, la vie est donnée en abondance, sans retenue. Croire en Jésus-Christ, c’est saisir cette puissance de vie toujours donnée et redonnée contre tout ce qui la diminue, l’abîme, la détruit.

Cet axe est rompu par un autre axe perpendiculaire formé par celui de la table de communion, dessinant ainsi une croix, nous rappelant que cette vie renouvelée est acquise par et en Jésus-Christ. La pierre roulée du tombeau ne fait pas oublier la crucifixion. Le rouge va au-delà du lieu de culte lui-même, car il ne s’agit pas de nous installer mais de sortir là où nous sommes appelés pour être les témoins de cet amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, auprès de nos contemporains. Le beau rejoint le bon où chacun a sa place. Bien sûr, nous avons recherché la beauté pour en faire un lieu accueillant et agréable, où chacun se sente à l’aise. À travers cette recherche de beauté sobre et réelle, nous avons voulu créer les modalités pour conduire à une disposition intérieure de recueillement, d’écoute, de partage. Mais le beau n’est pas une recherche esthétique, même si ça ne l’exclut pas, beau en hébreu veut aussi dire bon.

La première page de la Bible nous invite à ce beau et bon de Dieu à la fin de chaque journée de création et qui fait dire au théologien Raphaël Picon* que c’est pour nous la plus belle des prières… celle qui est inspiration et respiration du souffle créateur de Dieu… celle qui permet de dire oui à la vie et de faire ainsi vibrer en soi la satisfaction de Dieu contemplant sa création ; celle qui fait de notre vie le poème de Dieu, comme l’exprimera l’apôtre Paul. Cette prière qui, portée par la présence même de l’Esprit de Dieu, permet de dire avec lui c’est beau, c’est bon, celle qui permet de dire avec les autres c’est beau, c’est bon.

*Raphaël Picon, Un Dieu insoumis, Labor et Fides, p.72