Le Défap, service protestant français en mission, et la Cevaa, communion d’Églises en mission qui regroupe plus de 30 Églises protestantes de 24 pays, ont fêté leurs 50 ans en 2021. L’Action chrétienne en Orient ses 100 ans. L’occasion pour l’Uepal de lancer à l’automne 2021 l’année de l’Église universelle. Par-delà les institutions, l’Église universelle est la communauté des chrétiens partout où ils vivent leur foi, dans toutes leurs sensibilités. Dans une époque de crise profonde d’adhésion au christianisme en Europe, « regarder le reste du monde nous rappelle que nous faisons partie d’une famille immense et extrêmement dynamique », se félicite Enno Strobel, responsable du service mission de l’Uepal. Pour que les fidèles protestants s’emparent de cette force, l’Uepal met à disposition des paroisses, sur son site Internet, différentes propositions de liturgies et d’animations pour le catéchisme, les groupes de jeunes et les écoles du dimanche. Chacune peut inviter Enno Strobel à intervenir directement, pour ces animations comme pour des conférences. Des recettes du monde sont aussi présentées pour les repas paroissiaux. Un chef cuisinier peut s’y joindre à la demande.

«Les services missionnaires sont la fenêtre de nos Églises sur l’extérieur », explique Enno Strobel. Historiquement, ce sont par les relations missionnaires que les Églises de différentes sensibilités se sont ouvertes les unes aux autres pour dépasser leurs concurrences. Cette proximité a posé les bases, dès le début du XXe siècle, du mouvement œcuménique, structuré en 1948 au sein du Conseil œcuménique des Églises, qui tiendra justement son assemblée générale en Allemagne l’été prochain, une première en Europe depuis 1968. Celui-ci fédère 350 Églises chrétiennes. Au tournant de la décolonisation, la redéfinition des services missionnaires protestants français a ouvert la voie à des relations plus bilatérales entre les Églises dites du Nord et celles dites du Sud, devenues autonomes. En témoigne le mot d’ordre de la Cevaa et du Défap : «de partout vers partout. » « Il s’agit de se réjouir avec nos Églises sœurs dans leurs joies et de les soutenir dans leurs souffrances », résume Claudia Schulz, ex-pasteure à Strasbourg et nouvelle secrétaire générale de la Cevaa.

Ébullition spirituelle

Si la mission reste encore aujourd’hui entachée par le souvenir du colonialisme, les relations entre les Églises du Nord et du Sud se transforment. Elles partagent de plus en plus la Bonne Nouvelle ensemble, dans l’esprit originel de la mission de transmission confiée par le Christ à ses apôtres, et non plus dans celui de conversion. « Le déséquilibre économique entre Nord et Sud justifie encore notre soutien humanitaire et médico-social, admet Enno Strobel. Mais nous passons progressivement d’un transfert de savoirs à des croisements d’expériences, aussi bien dans l’agro-écologie que dans la spiritualité », insiste-t-il. Le Défap souhaite encourager des séjours de Français dans les grandes universités d’Afrique, qui développent des théologies propres, comme par exemple l’Institut chrétien de Rabat, très engagé dans le dialogue interreligieux, ou celle de Yaoundé. Il projette aussi de faire venir dans l’Hexagone de jeunes Sénégalais en service civique. Signe que les temps changent, la représentante de la Cevaa met en avant la mobilisation d’une dizaine d’Églises africaines en 2021 pour les victimes des tragiques inondations en Allemagne. Par-delà les solidarités et la diaconie, le croisement des regards de chrétiens du monde entier nourrit aujourd’hui une ébullition spirituelle et théologique rafraîchissante, insistent Enno Strobel et Claudia Schulz.