À la conférence des évêques, il y a des progressistes et des conservateurs. La semaine dernière, lors de la conférence de printemps des évêques à Lourdes, ces derniers ont eu gain de cause. La lutte contre les abus sexuels dans l’Église n’a pas avancé aussi vite qu’espéré, rapporte Le Figaro. Depuis mars 2022, une centaine de catholiques engagés, autant de femmes que d’hommes et 75% de laïcs, avaient rédigé 60 “propositions” visant à “libérer l’Église du poids des violences et agressions sexuelles”, a rappelé Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France et archevêque de Reims.
Les évêques, à qui il était demandé d’intégrer des laïcs à leur système de décision et de gouvernance, n’ont pas dit oui à tout. Les laïcs n’entreront pas au conseil permanent de l’épiscopat. Si l’organe central de gouvernement de l’Église de France compte une vingtaine de membres, dont trois laïcs, ceux-ci sont des salariés de l’épiscopat et ne peuvent pas voter. Mgr de Moulins-Beaufort s’est cependant engagé à associer “le plus possible” de laïcs à la “préparation des décisions” qu’il distingue de la “décision”. Celle-ci revient à l’évêque, finalement unique décisionnaire.
Les prêtres pas consultés
La CEF a également rejeté la proposition prévoyant la publication “systématique” du nom d’un prêtre accusé d’abus sexuels. “Même des procureurs sont opposés à cette mesure », a répondu le président des évêques. En revanche, le nom sera révélé en cas de culpabilité avérée si le diocèse le décide. De la même manière, la proposition d’instaurer une information publique préalable à la nomination d’un nouvel évêque, pour que des personnes ayant connaissance de méfaits puissent s’y opposer, n’a pas été votée. D’autres propositions visant à lutter contre les abus sexuels ont été rejetées parce qu’elles n’étaient pas du ressort de la CEF, mais du Vatican. C’est le cas du célibat des prêtres et de la place des femmes dans les décisions ecclésiales.
Les évêques ont en revanche validé la nécessité de “former” les jeunes évêques pendant cinq ans. Cette mission reviendra à un évêque tuteur expérimenté. Les conseils de direction des diocèses devront, quant à eux, respecter des normes de “diversité” et un suivi très personnalisé de chaque prêtre. Il a également été décidé de renforcer le contrôle de l’Église sur les nouvelles communautés, une requête majeure parmi les propositions, indique Le Figaro. Une sélection plus vigilante des candidats au sacerdoce et un meilleur encadrement de la “confession” ont aussi été adoptés. Les décisions concernant les prêtres ont toutes été retoquées au prétexte qu’ils n’avaient pas été consultés.