Christelle Poujol, libraire de 7 ici et participante du projet, nous en explique les enjeux.

Au Synode régional réformé, vous avez lancé Une place pour elles . En quoi cela consiste-t-il ?

Cette initiative part d’un constat glaçant : tous les trois jours en France, une femme meurt sous les coups de son partenaire. En 2017, comme chaque année, plus de 100 femmes sont mortes des suites de la violence de leur conjoint, petit ami, ex, concubin… Sans compter toutes celles qui devront vivre avec un grave handicap, conséquence de cette violence. Les victimes sont des femmes (et quelques hommes) de tous les âges, de tous les milieux, de toutes les cultures : pour ces femmes, l’« amour » tue…
Une place pour elles est une initiative visant à briser ce tabou de la violence au sein des couples. Il s’agit d’un geste fort pour rendre toutes ces victimes visibles, pour qu’elles aient leur place à nos côtés, pour matérialiser leur absence et la rendre insoutenable, pour que chacun se mobilise, pour rompre le silence, pour que cela ne se produise plus, pour que cesse ce féminicide et que plus personne ne puisse s’abriter derrière la fatalité et le laisser faire.

La date qui a été retenue est celle de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes de l’ONU le 25 novembre de chaque année, ainsi que les quinze jours qui suivent cette date. Mais il est aussi possible de vivre l’initiative à d’autres dates !
Il suffit de choisir une chaise dans un lieu public et de la recouvrir d’un drap de couleur avec cette pancarte : Une place pour elles, accompagné d’un petit texte expliquant de quoi il s’agit : Tous les trois jours en France, une femme meurt sous les coups de son partenaire. Ces femmes auraient dû être parmi nous… Ce siège qui leur est réservé proteste contre leur absence et témoigne du vide qu’elles ont laissé derrière elles. Cette place montre combien elles nous manquent. Non à la violence !

D’où vient cette initiative ?

En janvier 2016, à l’occasion d’une table ronde organisée par la Délégation aux droits des femmes sur le thème La laïcité garantit-elle l’égalité femmes-hommes, deux femmes se sont rencontrées et ont décidé de faire vivre en France une initiative repérée en Italie (Posto Occupato) : Valérie Duval-Poujol, théologienne protestante, et Valérie Douchez-Josse, fonctionnaire engagée dans la défense du droit des femmes. Ensemble, elles ont créées l’association Une place pour elles (Loi 1901), qui vise à promouvoir l’initiative du même nom en francophonie.
Cette année a été la première et l’initiative a été vécue en de nombreux endroits : outre le Synode réformé en région parisienne, des « places pour elles » ont été vues dans un aéroport, une salle de sport, une exposition, une salle de culte baptiste, une Assemblée générale d’association liée à l’UEPAL, une salle des professeurs de collège, un centre commercial en Guadeloupe, des journées de formations Empreinte, dans la librairie où je travaille, 7ici à Paris, et dans une autre à Strasbourg…

Comment peut-on participer ?

L’initiative Une place pour elles est accessible à tous, elle est gratuite et appartient à toutes celles et ceux désireux de faire reculer la violence contre les femmes au sein des couples et de briser le tabou de cette violence par une action symbolique. Il suffit d’une chaise dans un lieu public ! Vous retrouverez toutes les informations utiles pour participer (notamment le texte à imprimer et à poser sur la chaise) sur le site uneplacepourelles.weebly.com ou sur le compte Facebook. Il est également possible de rejoindre l’association en écrivant par le site.