Très implantée à Sydney dont le diocèse compte plus de 250 paroisses et 400 églises, l’Église anglicane est comme les autres soumise à un strict confinement depuis le 25 mars. L’article de Russell Powell (publié sur le site sydneyanglicans.net (1)) que nous traduisons intégralement avec son autorisation fait le point sur la pratique en ligne après un deuxième dimanche de cultes confinés.
« Des centaines de paroisses anglicanes de Sydney ont tenu leurs cultes par livestream ou vidéo-conférence pour la seconde semaine consécutive lors d’une journée spéciale de prière pour les effets du coronavirus. L’archevêque Davies (2) a diffusé une vidéo appelant à la prière à 19h, une allusion au COVID-19.
Pour l’instant, les techniques de live-streaming s’améliorent et les bugs techniques se raréfient même si, comme l’a dit un pasteur à sydneyanglicans.net, « Nous construisons l’avion en plein vol ! » Les églises les plus importantes ont diffusé leurs cultes par Facebook ou You Tube tandis que d’autres églises ont utilisé des éléments interactifs par vidéo-conférence sur des plateformes comme Zoom.
« Dans nos petites églises, avec un seul pasteur, nous n’avions encore jamais fait de live-stream ni enregistré de vidéo », a dit le recteur de Hornsby Heigths Mike Begbie. « Nous avons choisi de ne pas faire de diffusion en live ou de dépenser de l’argent pour un nouvel équipement. Nous avons créé un petit espace d’enregistrement dans notre église. J’enregistre la vidéo sur mon iPhone avec un trépied qu’on nous a prêté et j’enregistre le son comme d’habitude ». Lorsque la vidéo You Tube est postée, on envoie un déroulé du culte avec des liens vers des chants sur You Tube que les gens peuvent accompagner. « Il y a des gens qui se retrouvent sur Zoom. Certains le font d’eux-mêmes. Les réactions ont été très encourageantes », dit-il. « Nous travaillons aussi dur pour échanger chaque jour par téléphone avec la paroisse et les équiper pour qu’ils puissent échanger les uns avec les autres. »
Même les églises les plus importantes ont veillé à l’interaction, par exemple il y a eu un très gros effort de St Barnabas, Broadway pour utiliser le logiciel Zoom. « En comptant les 3 cultes et quelques réunions plus limitées, on a eu presque 1100 participants sur Zoom et environ 80 sessions différentes », explique le recteur de Barney, Mike Paget.
D’autres paroisses trouvent de nouvelles façons d’échanger. Dans les paroisses de Kirribili et Neutral Bay, la congrégation du soir a dîné par Zoom après le culte. « On a laissé dix minutes aux gens après le culte pour réchauffer la nourriture et on s’est tous rassemblés pour rendre grâce », dit le ministre assistant Andrew West de la Church by the Bridge. « Puis j’ai réparti les gens dans différentes sessions que j’ai appelé « tables » pour dix minutes. On l’a fait deux fois (avec des gens différents à chaque fois). Ça a été un moment de fraternité très réconfortant. »
Tandis que l’on commence lentement à maitriser le live-streaming, le ministère des paroisses en ce qui concerne le soin aux communautés se révèle plus difficile étant données les contraintes des mesures concernant le COVID. Anglicare (3) fait toujours fonctionner des garde-mangers mobiles dans de nombreuses paroisses et des paniers-repas sont préparés pour être distribués à ceux qui ont besoin d’aide plus que d’habitude.
À la cathédrale St Andrew’s, il y a chaque semaine une chorale en ligne, des prières et un sermon du doyen Kanishka Raffel (4). « Réunis en ligne ce jour, il y a un nombre terrible de gens qui se sentent angoissés et incertains après cette semaine et avant ce qui nous attend, dit le doyen. Des membres âgés de notre communauté sont virtuellement confinés et incapables de quitter leurs domiciles. Beaucoup de gens ont perdu leur travail cette semaine et leur revenu, beaucoup ont fermé leur entreprise, presque tous les enfants scolarisés sont chez eux et il y a beaucoup de parents qui essayent de travailler tout en supervisant leurs enfants. La tension est forte et nous n’en sommes peut-être qu’au début d’un long effort pour contenir la diffusion du coronavirus dans notre communauté. » Le doyen Raffel a prêché sur le Bon Berger (Jean 10).
« Je crois que les Australiens ont un rapport ambivalent avec leurs dirigeants. Nous nous soucions de qui nous dirige – s’il n’y a pas de dirigeants, ce n’est pas la liberté mais l’anarchie – mais nous sommes sceptiques envers eux et rarement satisfaits. Nous voulons que quelqu’un nous dirige mais nous n’aimons pas tant que ça le suivre. Quand Jésus s’est arrêté de parler, Jean nous dit que ses auditeurs étaient divisés. Il y en a qui voulaient continuer à l’écouter et d’autres qui le rejetaient. La grâce de Dieu fait que cette pandémie passera. Quand elle sera finie, nous réfléchirons à ses leçons. L’une d’elle sera certainement que les meilleurs dirigeants humains sont seulement et au mieux humains. Jésus est le dirigeant que nous devons avoir – le bon berger qui connait ses brebis et donne sa vie pour que nous puissions vivre pleinement. »
(1) We’re all building the plane while flying it !, 30 mars 2020.
(2) Archevêque anglican de Sydney depuis 2013, Glenn Davies, âgé de 70 ans, comptait se retirer en juillet prochain pour respecter la limite d’âge mais la pandémie a forcé à prolonger son mandat jusqu’en mars 2021, le synode pour désigner son remplaçant ne pouvant se réunir. Voir l’article de Russell Powell à ce sujet le 24 mars.
(3) Anglicare est l’organisation chargée de « servir les gens dans le besoin dans nos communauté » et emploie 3800 personnes, principalement dans des maisons de retraite et pour l’aide à domicile.
(4) Élevé à Londres dans une famille srilankaise bouddhiste, Kanishka Raffel s’est converti au christianisme lors de ses études de droit à Sydney.