La Mission Évangélique Parmi les Sans-logis est une association cultuelle (1905) fondée il y a un peu plus de cinquante ans, doublée d’une association 1901 Entraide et Partage avec les Sans-Logis dont les locaux sont situés dans le 10e arrondissement de Paris, place Sainte-Marthe.

Cette oeuvre, parmi les plus pauvres du nord-est de Paris, rassemble des chrétiens de toutes les dénominations protestantes et évangéliques. Elle est financée presque en totalité par les dons de ses membres ou de plusieurs entraides et diaconats réformés et luthériens. Le choix a été fait de ne dépendre en rien des subventions de l’État afin de préserver une originalité dans l’action : toujours donner conjointement « La Parole et le pain » ; c’est même la devise de la Mission. Depuis quelques années, des évolutions se font marquantes. Grâce notamment à la loi sur les invendus et les dates courtes qui permet de récupérer, via des réseaux divers, de grandes quantités de denrées liées à la grande distribution ou à des enseignes rendues sensibles à cette diminution du gaspillage (que ce soit par choix éthique ou par attrait pour les aides de l’État en la matière), Entraide et partage distribue plus de 28 000 repas par an, sur place, dans la salle de cantine où peuvent manger jusqu’à près de 50 personnes, avec deux services chaque soir. C’est considérable.

Mais il y a aussi d’autres activités : douche, coiffeur, médecin, service de vestiaire, et surtout un très gros service de domiciliation pour les invités de la rue (c’est comme cela qu’ils sont appelés place Sainte-Marthe). Les défis que devra relever à l’avenir la Mission sont multiples. Continuer à garder cette originalité de l’annonce de l’Évangile, avec les méditations au cours des repas, le culte dominical, ou encore l’étude biblique hebdomadaire.

Du sens à leur vie

L’idée est aussi d’offrir plus de temps pour prendre soin des personnes dans leurs attentes profondes, leur demande de prière, leurs aspirations non pas seulement à retrouver un toit ou une vie décente, mais surtout du sens à leur vie. Certains s’en sortent, et d’autres non. Comment mieux prendre soin de ceux des invités qui rencontrent vraiment le Christ et notamment qui veulent vivre l’expérience du baptême ? La Mission n’est pas une Église, mais les Églises peuvent-elles vraiment accueillir ces publics si différents ? Dans ce sens, la formation www.AuxMarg.es proposée par l’EPU de Belleville s’intéresse à ces questions d’une diaconie plus globale. Il y a aussi l’enjeu de l’animation de tous ces bénévoles qui viennent soit individuellement, soit en équipe d’Église, pour servir les repas et aider dans la multiplicité des tâches : comment les encourager, les suivre et les bénir ? Ils sont la force de travail de l’association et leur fidélité est régulièrement évoquée dans le journal de la Mission : « Lumière dans Paris ».

Enfin à l’heure où les phénomènes migratoires occupent beaucoup l’attention des parisiens, comment prendre soin de ces SDF locaux qui se sentent exclus encore un peu plus ? La Mission reste précaire, comme le public qu’elle accueille, mais c’est dans cette fragilité, qui ressemble à celle de l’homme de la crèche et de la croix, que surgissent les miracles au quotidien.