« La Parole se répandait alentour », relate souvent le livre des Actes. On a identifié très tôt les vecteurs qui portent cette Bonne Nouvelle : la prédication, l’enseignement et la diaconie. L’Église a donc défini les ministères correspondants de pasteurs, docteurs et diacres. Utiles bien sûr, ils sont néanmoins insuffisants pour expliquer l’expansion rapide du christianisme. Outre l’action du Saint-Esprit et les décisions politiques, le facteur principal de développement a été le bouche-à-oreille. Cette Parole fut partagée durant des siècles par l’Église qui l’enseignait et la prêchait, mais aussi dans les familles et à travers les amitiés. Lorsque l’Église fléchissait dans ses luttes intestines ou ses abus d’interprétation biblique ou de pouvoir, les cantiques chantés en famille et la catéchèse de terrain maintenaient la force de la Parole dans la vie de chacun. La Réforme a véhiculé ce type de démarche en favorisant l’étude personnelle des textes et la spiritualité de proximité.
L’information se répand par des médias
L’arrivée des médias de masse a modifié les comportements. Car on peut bien sûr discuter d’un livre et en être touché, mais il est avant tout un bien de consommation individuelle. Le lecteur du journal se nourrit personnellement d’une information et trie ce qu’il en partage. L’arrivée de la télévision ou d’internet a encore accentué ce passage à une société des individus voire de l’individualisme et fait entrer l’information dans les foyers. L’information, mais pas forcément la Parole. Inéluctablement, la Parole a été reléguée non plus dans la sphère relationnelle ou individuelle, mais au cœur du domaine de l’intime. Il est bel et bien fini, le temps de la propagation de la Parole en groupe le soir à la veillée.
La chance des blogs populaires
Ainsi émiettée dans une myriade de consciences personnelles, la Bonne Nouvelle pourrait subir un revers. Ce serait compter sans les réseaux sociaux, qui pourraient redonner une force à la proximité. Une multitude de petits blogs, de posts Facebook ou de vidéos personnelles fleurissent un peu partout et répandent de nouveau une parole. Certes, elle n’est souvent pas très cadrée théologiquement, mais elle existe et se répand comme dans le livre des Actes. L’Église pourrait donc bénéficier de ce qui représente une part importante de son avenir, aujourd’hui comme hier : un bouche-à-oreille moderne de personnes convaincues, reliées les unes aux autres. À chacun d’entrer dans ces réseaux et d’y agir en toute conscience.