Chaque année, quelques paroisses voient arriver un nouveau pasteur, dont on dit qu’il n’est pas totalement pasteur mais qu’il l’est quand même et assume toutes les fonctions du poste. Cette étrange période entre les études et l’ordination-reconnaissance de ministère s’appelle le proposanat. Le proposant est un pasteur à part entière et n’est plus un stagiaire. Il est pleinement responsable d’une paroisse, souvent seul sur le poste qu’il occupe pour une période de deux ans dans le cadre officiel du proposanat. 

Comment se passent les deux années de proposanat ?

Le pasteur Vincent Nême-Peyron, président de la Commission des ministères, détaille le déroulement de cette période qui se situe juste après les cinq années d’études théologiques. Une fois ses diplômes validés et après accord de la CdM (Commission des ministères de l’Église protestante unie), le futur pasteur est dirigé vers une paroisse qui l’accueille. Pendant les deux ans de proposanat, il a pleinement la charge de cette paroisse, tout en étant accompagné et en bénéficiant de quatre sessions de « formation continue ».

Comme tout ministre de la Parole, il entre en fonction le 1er juillet. Dès septembre, les proposants partagent leurs premières impressions, au cours d’un stage de deux jours. Puis, trois sessions, de cinq jours chacune, leur sont proposées. Elles ont lieu à Versailles, avec le concours des Diaconesses de Reuilly, au Lazaret (Sète) et à la Fondation John-Bost (La Force). Elles aident les proposants à prendre du recul, échanger sur leur pratique pastorale, parfaire leur formation (prise de parole publique, conduite de réunion, prévention et gestion de conflits, etc.) et à mieux connaître les services nationaux. Un bilan final aura lieu en janvier suivant, après un an et demi de pratique pastorale.

Une validation collégiale

Ce bilan se fait avec des représentants de la Commission des ministères et du Conseil régional, le proposant et le Conseil presbytéral, autour de sujets tels que : la théologie, la communication, la jeunesse, l’œcuménisme, le travail en équipe, le relationnel. Il a pour but de valider l’adéquation de la personne au ministère pastoral, dans une approche collégiale où l’avis de chacun est pris en compte. L’avis du Conseil presbytéral est transmis au Conseil régional et l’avis de ce dernier est adressé à la Commission des ministres qui prend ainsi sa décision avec l’éclairage de l’ensemble des acteurs. Si la CdM valide le proposanat, une ordination-reconnaissance de ministère est célébrée, suivie de l’inscription au « rôle » des ministres, c’est-à-dire la liste des pasteurs qui peuvent être appelés à prendre un poste pastoral partout en France. Le nouveau pasteur est d’ailleurs invité au synode national suivant.

Un peu de recul  par année, combien y a-t-il de pasteurs proposants ?

Vincent Nême-Peyron indique que « depuis quelques années ce nombre est stable, entre 10 et 15 par an, autant d’hommes que de femmes. Le plus souvent il s’agit de reconversions professionnelles, tous ne sont pas d’origine protestante. L’an dernier la moyenne d’âge était de 42 ans ; la plus jeune avait 23 ans et le plus âgé 57 ans. »

Quelles étaient les professions exercées auparavant ? Les pasteurs proviennent d’horizons très variés. Ils étaient ingénieur, gestionnaire, designer graphique, journaliste, assistant parlementaire, chargé de communication à Paris Musée, pasteure à l’Église adventiste, pasteur à l’Église évangélique du Congo, professeur des écoles.

Tous sont-ils « validés » après les deux années ?

Au cours des trois années écoulées, la Commission des ministères a validé 29 proposanats sur 31 dont 28 se sont poursuivis sur place.

Finalement, un pasteur proposant est le bienvenu dans une paroisse qui attend, depuis parfois plusieurs années, un pasteur. Pas plus, pas moins en région parisienne qu’en province.