À l’occasion du synode national de l’Église protestante unie réuni à Sète du 29 mai au 1er juin, le site du journal La Croix revient sur une question qu’il estime récurrente dans le monde protestant : celle de la possible « disparition des protestants luthéro-réformés, au profit du protestantisme évangélique, en croissance constante ».
Dire les choses de cette manière induit l’idée que la diminution des effectifs d’une Église pourrait être interprétée comme le résultat d’une forme de concurrence ecclésiastique. Comme si les uns grandissaient forcément au détriment des autres, et qu’un effet de vases communicants faisait grossir les rangs des uns et diminuer ceux des autres ! Même si les transferts entre Églises sont un phénomène fréquent, ils n’expliquent pas à eux seuls, on le sait bien, la diminution des troupes luthéro-réformées.
Le pasteur Samuel Amédro, cité dans l’article de La Croix, a raison de réagir en disant : « Nous sommes les champions du monde de la malédiction ! » Et mon collègue d’ajouter à juste titre : « Nous sommes en train de penser la mission comme une manière d’aller chercher les gens pour nous sauver nous-mêmes. Or l’Église est au service des personnes, pas l’inverse ! »
J’invite à refuser de percevoir les diverses sensibilités protestantes comme étant en concurrence les unes avec les autres. Par ailleurs, la fidélité à l’Évangile ne saurait être évaluée (si tant est qu’elle devait l’être) sur un fondement quantitatif, de performance ou encore à partir de soi-disant critères de réussite. Ceux-ci seraient bien illusoires au regard de ce qui fait le cœur du ministère de Jésus-Christ : l’amour et le service de Dieu et du prochain.
Pierre-André Schaechtelin, pasteur, pour « L’œil de Réforme »