La vie monastique n’est pas une spécialité protestante, si l’on en croit les avis de nombreux paroissiens qui n’ont souvent en tête que les diaconesses. Pourtant, la vie consacrée est bien présente dans les Églises au point qu’un département au sein de la Fédération protestante de France leur soit consacré.
Une association de soutien
L’aventure de l’association ASCMP débute en 1996, lorsque Daniel Bourguet, pasteur de l’Église réformée de France et professeur d’Ancien Testament à l’IPT de Montpellier, a souhaité se consacrer à une vie de prière et à l’accueil de personnes en demande d’accompagnement spirituel. Il se retire alors aux Abeillères, une propriété à l’écart de tout dans le Gard, pour y vivre un ministère d’ermite. Afin de lui garantir des moyens de subsistance, l’association ASCMP est créée. D’autres projets monastiques se sont ensuite ajoutés à cette initiative, comme le soutien à la communauté des sœurs de Pomeyrol, à la Fraternité des Veilleurs ou à l’orphelinat des sœurs de Mamré à Madagascar.
La vie contemplative attire
Avec le temps, certains projets se sont estompés et l’association a eu moins de demandes. « Il nous est apparu important de la relancer parce que, entre autres, l’orphelinat de Mamré a toujours besoin de soutien », souligne Michel Block son nouveau président, « et que nous avons aussi à cœur de soutenir des projets d’ordre contemplatif plus propices à la méditation et à la prière ». Dans une société où tout va de plus en plus vite et parfois en perte de sens, les projets d’entrer dans des ordres comme les diaconesses sont aujourd’hui sérieusement envisagés par des personnes souvent jeunes, soucieuses d’approfondir la relation vitale avec leur Dieu. Ainsi, l’association a par exemple le projet de soutenir une jeune théologienne, Émilie Escure-Delpeuch, pour reprendre la mission laissée vacante aux Abeillères suite au départ il y a un an de Daniel Bourguet pour une vie plus pleinement érémitique.
Un engagement révolutionnaire
Cet engouement répond à un besoin actuel de la société qui peut surprendre, mais que le pasteur Block explique : « Pour quelqu’un comme Jacques Ellul, la vie contemplative est révolutionnaire dans une société technicienne comme la nôtre. “Si vous voulez être révolutionnaires, il faut être contemplatifs”, disait-il. Cela nous paraît très pertinent encore aujourd’hui. On est dans le cadre d’un engagement militant au service de l’Évangile ».
À l’image de la communauté des Diaconesses de Reuilly qui prie régulièrement pour chaque ministre de la Parole dans l’exercice de sa charge, la vie contemplative ou communautaire trouve une place importante au sein de l’Église dans le cadre de sa mission. Outre la prière et l’étude, les lieux comme les Abeillères ou les communautés de sœurs ont une vocation d’accueil, de soutien, d’accompagnement des personnes et des groupes dans leur spiritualité et leur réflexion théologique. Le rythme de la vie moderne rend précieux ces accompagnements centrés sur la méditation, le sens du temps et la prière. À Versailles par exemple, l’hôtellerie a adapté ses chambres pour recevoir en priorité les personnes soucieuses de se ménager un temps de relecture de leur vie. Ce type de démarches individuelles soutenues par les communautés monastiques protestantes pourraient à terme offrir à l’ASCMP d’autres occasions de soutien.